REFLETS DU MONDE (LES)
En lutte

Fin 2019, Fabien Toulmé se rend au Liban en compagnie d’un collègue et du directeur du Festival de BD de Lyon. A la base, ils devaient participer à un Salon du Livre à Beyrouth. Ce dernier a été annulé en raison des énormes manifestations qui paralysent le pays depuis un mois. Mais le trio a maintenu son déplacement, tant pour préparer un futur festival de BD au Liban que pour comprendre ce qu’il se passe là-bas.

Fabien décide d’aller interviewer des gens qui participent aux manifestations afin de connaître leurs motivations et découvrir leur quotidien. Cela l’amène à s’entretenir avec Nidal, une jeune femme emblématique du mouvement.

Cette rencontre, les événements auxquels il a assistés, la manière dont le mouvement s’est éteint par la suite, vont marquer l’auteur et l’amener à s’interroger sur la notion de luttes ou de révolutions.
Cela lui donne envie d’aller à la rencontre d’autres personnes engagées. Il va ainsi partir au Brésil, rencontrer la communauté du Porto do Capim, mobilisées contre la destruction annoncée de leur quartier et de la nature environnante, au nom d’un projet touristique peu écologique. Ou encore rejoindre le Bénin, à la rencontre de Chanceline, qui se bat pour les droits des femmes.

Par legoffe, le 6 juin 2022

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Notre avis sur REFLETS DU MONDE (LES) #1 – En lutte

Après le joli roman graphique Suzette, Fabien Toulmé revient à un travail journalistique, à l’instar de ce qu’il avait fait pour L’Odyssée d’Hakim, partant à la rencontre des autres. Ces nombreux entretiens ont, progressivement, dessiné les contours de sa nouvelle série qui s’intitule Les reflets du Monde. Il souhaite ainsi aborder des thématiques variées pour mieux comprendre nos sociétés et ouvrir notre regard sur les autres.

Car c’est d’abord le comportement humain qui intéresse Fabien Toulmé. L’auteur a un don pour retranscrire l’état d’esprit des gens, leurs rapports à la vie et aux autres. Il a aussi un immense don de conteur, sans oublier son sens de l’humour et de l’autodérision. Cela explique sans doute pourquoi des sujets qui auraient pu être tristes ou pesants deviennent, avec Toulmé, des moments de générosité, d’optimisme. Il fait ressortir, ici, ce qu’il y a de plus beau dans l’engagement des gens pour leur communauté. Il démontre que l’on peut évoquer des sujets sérieux et graves sans forcément glisser dans la noirceur.

Un aspect renforcé par le style graphique de l’auteur, rond, un brin cartoonesque. Cela donne un ensemble super sympa, avec une mise en scène très efficace. L’émotion et l’état d’esprit des protagonistes ne pâtissent en rien de la simplicité du style, au contraire. Tout se lit parfaitement sur les visages.

On vit, à travers ces plus de 300 pages, des moments chaleureux, de beaux exemples d’entraide et de solidarité. C’est aussi l’occasion de prendre conscience de problèmes qui se déroulent ailleurs et dont on entend peu, ou pas, parler. Mis en perspective avec ceux de nos sociétés plus riches, ils font réfléchir sur la notion de ce qui est important selon le lieu où l’on vit. Et l’écart est magistral, comme vous pourrez le lire dans ce bel album.

Par Legoffe, le 6 juin 2022

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