Les reflets changeants

Elsa est une jeune fille qui vit une relation un peu compliquée avec l’homme dont elle est tombée amoureuse. Sacrifiant ses sorties entre amis au profit de cette idylle, elle ne parvient pas malgré tout à obtenir une osmose parfaite avec cet homme accro à l’alcool et aux médocs. De son côté, Jean, conducteur de train, a du mal à assumer sa paternité avec Alda depuis qu’il s’est séparé de Marcella. Bien qu’il aime sa progéniture, il se doit un peu à contrecœur d’adapter son style de vie à cette dernière. Par ailleurs, Emile, du haut de ses quatre-vingt ans, supporte de moins en moins le silence dans lequel il a été plongé à la suite d’une blessure lors des évènements de 62 en Algérie et surtout le bourdonnement intérieur qui le taraude. Tous trois ne se connaissent pas mais sous le couvert du hasard, vont voir leur destinée se croiser, lors d’un drame qui va les marquer à vie.

Par phibes, le 6 novembre 2017

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Notre avis sur Les reflets changeants

Pour avoir décroché le prix Raymond Leblanc en 2015, Aude Mermilliod voit son projet publié chez Le Lombard. Premier roman graphique d’une longue lignée (c’est tout le mal qu’on puisse souhaiter à l’auteur), Les reflets changeants nous entraîne dans une histoire contemporaine au cœur de laquelle trois personnages sont appelés à croiser leur destinée.

Le récit se décline en deux temps, avant et après l’évènement commun aux trois protagonistes. Dans un premier temps, Aude Mermilliod a souhaité avant de fusionner chaque destin de présenter ses personnages distinctement et surtout d’évoquer les caractéristiques qui leur sont propres. Chacun d’eux fait l’objet d’un chapitre dédié et par ce biais intimiste, Elsa, Jean et Emile (dont le parcours se veut inspiré par celui du grand-père de l’auteur) nous ouvrent leur particularisme, leur soif de bonheur, leur trouble, leur passé, leurs aspirations, tout en nous préparant par des rencontres furtives à l’évènement qui va les regrouper. Cette présentation est digne d’intérêt par le fait qu’elle nous associe à trois générations distinctes. Le ton est naturel, sans excès verbal et joue remarquablement sur les émotions.

Dans un second temps, c’est la rencontre et ce qui s’ensuit. La surprise est immédiate et plonge en quelques vignettes le récit dans le drame. Il va de soi que ce soubresaut scénaristique génère un trouble évident mais a le privilège d’agir comme un électrochoc pour réveiller judicieusement la conscience des personnages et susciter des décisions. Les bons sentiments s’envolent et l’espoir reprend tout sa place.

Intervenant également au dessin, Aude Mermilliod démontre une réelle clairvoyance. Sous des accents volontairement épurés, son trait bénéficie d’un semi-réalisme rafraîchissant qui rend parfaitement convaincant ses personnages. Le message est clair, sensible, presque poétique et réellement attirant.

Un roman graphique à dimension humaine remarquablement réalisé par une auteure au talent prometteur.

Par Phibes, le 6 novembre 2017

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