Le réducteur de vitesse

Georges Guilbert, fraichement arrivé sur "Le Belliqueux" en tant que timonier, rêve encore de grandes aventures en mer, mais très vite il déchante devant la réalité des soutes, les corvées et ce rythme nauséeux qui lui retourne les tripes. Il rencontre Louis et le bosco Nordiz et un soir, ensemble, ils descendent dans les machines, découvrant un monde étrange, peuplé d’ombres, d’odeurs, de bruits assourdissants et de recoins inquiétants… Ils sont fascinés devant la machine imposante qu’il croise, le fameux réducteur de vitesse. Et quand Louis y fait tomber maladroitement son taille crayon, la machine se grippe… Apeurés, les trois hommes fuient dans les tréfonds du navire… Traqués, Georges, Louis et Nordiz sont tétanisés par la peur de se faire attraper, ils se trouvent face à leurs angoisses les plus profondes…

Par fredgri, le 27 juin 2013

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Notre avis sur Le réducteur de vitesse

Originellement publié en 99, ce récit mêle adroitement rythme épique et réflexions intimistes dans une histoire à plusieurs "vitesses".
Qu’il s’agisse de ce jeune homme la tête pleine de quelques rêves d’aventurier qui embarque pour la première fois sur ce gigantesque cargo, ce même jeune homme qui entre de plein front dans la réalité de ces embarquements ou finalement cette petite troupe qui fuit devant cette angoisse de la culpabilité, le récit devient tour à tour ironique, poétique et fantastique, nous entraînant dans un univers à la fois oppressant et fascinant. Un récit qui parle de ce souffle du grand large, mais aussi des grincements des machines, des pas qui se précipitent dès qu’un sous-marin se profile, la guerre, le simple fait d’exister et de l’absurdité de cette existence confinée, réduit à sa simple individualité au rythme de son corps.

Blain anime donc ses personnages dans une histoire pesante ou semble gronder le moteur de ce réducteur de vitesse. Le cargo s’immisce partout, véritable personnage en lui même qui contient toutes ces vies, qui enveloppe les hommes de ses chairs de métal.
A l’image de la couverture, il se glisse pesamment sur l’eau et les formes courent dans tout les sens à sa surface !
Le trait est brut, sans concession, il s’écorche sur les ombres qui dansent dans les soutes, il laisse passer la lumière d’une lampe… Le dessin suinte la vie, la beauté des formes et les hommes deviennent des silhouettes, des rouages de la machine…

Un album qui ne laisse pas indifférent, habité par une sorte de présence palpable à chaque case.

Par FredGri, le 27 juin 2013

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