RECUL DU FUSIL (LE)
Les chambres

Profitant des liens privilégiés avec la famille parisienne Lazary et plus particulièrement leur fils André, le jeune Fernand Torres, fils d’éleveur de bétail marseillais, monte à la Capitale afin d’y poursuivre ses études de médecine. Alors que la ville connaît les réformes sociales engagées par le Front Populaire, il y retrouve donc son ami André qui lui apprend avoir épousé, au grand dam de son père, la cause de la gente ouvrière. De même, il ne tarde pas à faire connaissance de Solange, sa voisine de palier, qui ne manque pas de l’introduire dans le milieu bourgeois. Entre les manifs ouvrières qui prônent la défense du peuple espagnol en pleine guerre civile et les repas huppés de l’aristocratie parisienne, Fernand découvre sans défaillir la vie citadine. Mais celle-ci, grevée par des déconvenues amoureuses et par les engagements passionnels de nombre de ses pairs, ne lui apporte finalement pas que du bonheur. Aussi Fernand va devoir faire un choix crucial pour sa destinée.

 

Par phibes, le 6 août 2010

Notre avis sur RECUL DU FUSIL (LE) #1 – Les chambres

Après avoir adroitement adapté une nouvelle de Guy de Maupassant, Le Docteur Héraclius Gloss, Jean- Sébastien Bordas revient sur le devant de la scène, cette fois-ci, en volant de ses propres ailes selon un scénario 100% pur jus. A cet égard, il nous invite à la découverte de Paris, sous la présidence de Léon Blum, au moment où la guerre civile espagnole provoque la scission au sein du Front Populaire.

Fort de cette introspection historique richement poussée, Jean-Sébastien Bordas nous engage dans une histoire sociale attachante au sein de laquelle un provincial déraciné, Fernand Torres, se transporte en la Capitale pour parfaire ses études. C’est en ces lieux bruyants et très mouvementés que ce personnage va chercher ses marques, partagé entre ses idéaux et ce qu’il vit au jour le jour.

L’analyse psychologique du personnage principal est très bien menée. L’auteur en fait une description subtile et claire, dans une naturalité qui l’assimile imparablement à monsieur tout le monde, par le biais de ses rencontres et de ses agissements. Le parcours de Fernand, tout tracé au début, se révèle autre au fur et mesure de l’avancement des péripéties. Jean-Sébastien Bordas semble prendre son temps pour caler la destinée de celui-ci au gré de ses tergiversations idéologiques et amoureuses jusqu’à la décision finale.

Le résultat est là, fort dans sa teneur et limpide dans son déroulement. A aucun instant, on ne se détache du "héros" (qui n’en est pas forcément un) qui a le don de captiver. Les situations qu’il vit n’ont certes rien de très exceptionnel mais ont une portée sociale plus qu’intéressante liée à un contexte historique tourmenté (la guerre d’Espagne, la montée du nazisme, le Front Populaire contesté…).

L’on conviendra que les graphiques qui accompagnent les péripéties sont très probants. L’auteur qui conserve sa polyvalence, garde la touche épurée de la première époque et nous enchante de son trait fin semi réaliste. Ayant donné à son personnage central une effigie qui n’est pas sans rappeler celle de Soda de Gazotti ou de Gabriel dans L’enfant maudit de Monin, il démontre son aisance à se mouvoir dans cet univers fait de simplicité et d’appels historiques.

Un très bel album de présentation sur fonds d’engagement idéologique qui découvre un personnage très attachant à la destinée tumultueuse. Une réelle surprise !

 

Par Phibes, le 6 août 2010

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