RECONQUÊTES
La Horde des Vivants

C’en est fini de la citadelle scythe Urar, tombée sous les coups meurtriers de la soldatesque hittite du jeune roi Hattushili. De fait, cet évènement sanglant met fin à l’harmonie qui régnait dans l’immense steppe de l’Asie mineure. Aussi, les offensés ont décidé d’organiser la riposte et pour ce faire, ont pris pour parti de reconstituer la fameuse Horde des Vivants créée par les trois souverains scythes d’Haumavarka. Toutefois, son engagement dans la guerre qui s’annonce devra être suivi par la jeune et belle Thusia, scribe royal de Babylone qui a été mandaté par le roi Hammurabi pour consigner non seulement le triomphe de la cause scythe sur le peuple hittite mais aussi ses pratiques guerrières. La Horde est en marche, la reconquête commence…

 

Par phibes, le 1 mai 2011

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Notre avis sur RECONQUÊTES #1 – La Horde des Vivants

Les amateurs d’épopées barbares, de guerres fratricides et de vindictes implacables vont, grâce à Reconquêtes, pouvoir assumer leur passion débordante et leur soif de récits antiques. En effet, ce mois de mai 2011 signe le top départ chez Le Lombard, en parallèle de deux autres séries Jack T1 (Dupuis) et Konungar T1 (Glénat), d’une nouvelle équipée aux ambiances historico-fictives fracassantes telle que sait les réaliser le prolifique Sylvain Runberg. Prévue pour s’étaler sur 4 tomes, cette dernière nous propulse bien des siècles avant J.C., en plein territoire eurasien au temps où de nombreuses guerres ensanglantent les royaumes.

C’est justement l’un d’elles que Sylvain Runberg nous raconte, une guerre pur jus entre deux peuplades antagonistes à savoir les Hittites et les Scythes. A ce titre, puisant dans le vivier de la grande Histoire, ce dernier nous plonge dans les prémices d’une bataille initiée par une invasion Hittite qui évidemment va mettre le feu aux poudres et éveiller la contre-offensive scythe. Force est de constater que le récit campe bien les ambiances barbares d’antan, dans des réactions épidermiques cruelles et puissantes qui minimisent voire éludent la voie diplomatique. Dans cette atmosphère guerrière qui rassemble sous la même bannière trois royaumes, l’aventure prend toute sa force via la reconstitution de la fameuse Horde des Vivants, symbole d’une union improbable qui va nous entraîner dans son sillage de destruction, et dont on a tout à apprendre (véritable ville mouvante transportant de mystérieuses bestioles).

Ce premier opus place déjà la barre haute de par le fracas des armes qu’il suscite et de par la mise à plat des coutumes scythes que la belle et énigmatique scribe Thusia ne manque pas d’évoquer. Le scénariste gère excellemment son histoire qui lorgne un tantinet vers l’univers de Conan le Barbare, entretient un certain mystère quant à la prophétie de l’Hydre et joue à fond la carte de la brutalité, de la sauvagerie liée à cette époque lointaine. Combats extrêmes, rites sanglants, exhibitions de muscles, de forces et d’animaux hors du commun, tout concourt à plonger le lecteur dans un univers surdimensionné bestial et sans concession. Même, la sensualité de ses personnages exhale quelque chose de pernicieux. Par ailleurs, en marge des références historiques, l’auteur flirte subtilement avec le fantastique en incluant des personnages mythiques tels les sorciers atlantes ou certaines bêtes ancestrales.

Le travail de François Miville-Deschènes, déjà apprécié dans la série Millénaire, est des plus somptueux. Comment rester de marbre face à ses graphiques dotés d’un tel réalisme déroutant ? La puissance du scénario se voit, sans discussion possible, sublimée par la beauté quasi-photographique du dessin de cet artiste complet au talent avéré qui signe aussi la colorisation directe. La quête du détail historique est époustouflante, associée à une proportionnalité confondante. Les personnages sont splendidement représentés, charismatiques, puissants dans leurs attitudes, dangereusement sensuels et conformes à l’époque antique. Les animaux semblent dotés d’une robustesse hors norme et les décors sont de rêve. En quelques mots, l’univers de ce dessinateur nous enchante, nous fait à la fois rêver et frissonner.

Un premier épisode à découvrir urgemment, torride et sanglant de par la barbarie qu’il dévoile et entreprenant par la puissance évocatrice de la fameuse Horde des Vivants. Bravo, messieurs les auteurs, vous nous avez conquis ! Maintenant, on veut la suite, vite !

 

Par Phibes, le 25 mai 2011

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