Infiltré à Auschwitz

 
C’est volontairement que Witold Pilecki, officier de l’Armée Secrète Polonaise, s’est fait interner dans le camp nazi d’Auschwitz fin septembre 1940. Ce camp n’était encore à l’époque qu’un camp de concentration et les prisonniers y étaient majoritairement des Polonais.

Sous une fausse identité, Pilecki devait y retrouver d’autres gradés qui avaient été faits prisonniers et organiser des réseaux de résistance afin qu’un soulèvement ait lieu dans le camp et afin d’informer les Alliés pour qu’une attaque des lieux puisse également être organisée depuis l’extérieur.
 

Par sylvestre, le 3 septembre 2019

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Notre avis sur Infiltré à Auschwitz

 
Grâce à cette bande dessinée et à quelques livres dont une traduction existe en français (ils sont listés dans la courte bibliographie en fin d’ouvrage), l’histoire de Witold Pilecki alias Tomasz Serafinski nous arrive enfin !

C’est d’emblée un immense respect que l’on ressent pour cet homme qui s’est porté volontaire pour se faire interner à Auschwitz, pendant la seconde guerre mondiale. Même si on comprend qu’il y est arrivé à une période où le lieu n’était pas encore devenu l’usine de mort qu’évoque aujourd’hui ce camp ; bien que des exécutions sommaires y étaient toutefois déjà monnaie courante.

Si la peur, les assassinats gratuits, les travaux éreintants ou le manque d’hygiène ne sont pas occultés, le scénario s’attache néanmoins plus particulièrement voire exclusivement à la mission de l’interné volontaire. Sceau du secret et noms de code obligent, les situations montrées ne sont pas toujours des plus simples à comprendre ! Mais ce qui peut-être le plus gênant dans le parti pris de l’auteur, c’est que quelque part, on a l’impression qu’on est témoin d’une (relative) grande liberté des prisonniers dans le camp. Au niveau des déplacements comme au niveau des conversations. Et que, de fil en aiguille, l’évasion de Pilecki en vient à ressembler à une formalité ! N’est-ce pas là quelque chose qui va à l’encontre de la réputation des lieux ?!

C’est avec son style très épuré que Gaëtan Nocq nous raconte sa vision de l’histoire de Pilecki. Les froids n’en deviennent que plus mordants et les lieux plus menaçants ! Mais la saleté, par exemple, à l’inverse, se fait quasiment invisible : on ne voit pas ces croûtes de poux dont il est question, ou c’est grâce aux dialogues qu’on sait, dans certaines séquences, que les personnages pataugent en réalité dans de la boue… Jolis dessins, donc. Et dénuement justifiable. Mais objectif pas toujours atteint en plein coeur de cible, d’autant que les changements de registres de couleurs ont tendance, en outre, à faire ressembler à des tableaux joyeux et lumineux des décors qu’on imagine plus volontiers sans fantaisie.

Le rendu artistique est une chose, le propos en est une autre. Qu’on ait des bémols à formuler sur l’un ou sur l’autre, la combinaison des deux fait cependant mouche : en effet, l’objectif de transmettre l’information, de nous raconter cette histoire extraordinaire, est atteint ! Et renforcé par un cahier supplémentaire, en fin d’ouvrage, qui revient sur toute cette aventure après la bande dessinée pour finir d’attirer vers la découverte "plus en profondeur" de cette page polonaise de la seconde guerre mondiale.
 

Par Sylvestre, le 3 septembre 2019

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