RAILS
Intégrale

(Regroupe les volume 1 à 4, c’est à dire: "Jaguars", "La garde blanche", "La chute du lion" et "Face à face")
Dans cette vision des États-Unis, la suprématie blanche a pris le dessus, et à part quelques exceptions plus ou moins bien intégrées, les noirs doivent vivre avec ce déséquilibre appuyé par un discours raciste ambiant ! En parallèle, le système ferroviaire s’est extrêmement développé, avec des convoi devenant de véritables villes ! C’est ainsi que des clans noirs se sont constitués autour d’un groupe de 12 leaders, devenant des pirates sans compromis, sans pitié.
Chargé d’infiltrer le gang des Jaguars, Wolfe Pearse, le flic métis, doit rapidement choisir son camp : d’un côté, une police et une milice raciste, de l’autre, des bandes de pirates dont l’extermination est devenue l’enjeu d’une lutte.
Mais le pouvoir se mêle à l’histoire et tout se complique très vite… !

Par fredgri, le 4 février 2019

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Notre avis sur RAILS #Int. – Intégrale

Première véritable série de David Chauvel, Rails est ici rassemblé, pour la troisième fois, en Intégrale !
Toutefois, sans être réellement une surprise, il faut bien avouer que l’on tombe à nouveau, dès les premières cases, sous le charme de cette écriture extrêmement ciselée et sèche. Chauvel n’épargne pas grand monde et nous entraîne dans une série ou règne une tension à couper au couteau, le tout servi par le dessin très précis de Fred Simon qui livre ici une performance de toute beauté !

Bien qu’il s’agisse d’une fiction, elle met en avant un sentiment xénophobe pas si éloigné de la vérité actuelle, un rejet qui engrange la haine, la colère et l’agressivité. Les divers protagonistes sont donc englués dans une spirale sans fin ou d’un côté il y a les affrontements, d’un autre côté il y a l’instrumentalisation de cette violence pour nourrir des discours politiciens. Et c’est dans ce regard que le récit est intelligent, cette façon de dénoncer non seulement le clivage de ces groupuscules qui ne peuvent plus dialoguer, dont la seule issue reste encore la violence et les affrontements sans fin, mais aussi les manœuvres des politiciens qui voient dans cette suprématie l’étendard de leur discours stigmatisant (ça ne vous rappelle vraiment rien ?)…

Alors, il faut s’accrocher, car l’écriture de Chauvel n’est absolument pas décompressée, bien au contraire même. Chaque album est riche en évènements, en rebondissements, les personnages évoluent, se remettent en question et l’ambiance est vraiment lourde et crispée. Un récit dur, sans compromis, ou toute la saveur de cette écriture nous apparait évidente !
Quel style, quelle efficacité, quelle atmosphère !

Graphiquement, encore une fois, c’est du très beau travail, tant aux dessins qu’aux couleurs. Tout est magnifiquement équilibré, et même les dessins extrêmement fouillés de Fred Simon sont très bien mis en valeur !

La série a beau s’être étalée entre 1992 et 1995, elle n’a absolument rien perdu de sa modernité et surtout de sa pertinence. Le propos n’a jamais autant été d’actualité et c’est intéressant de redécouvrir cette vision assez absolutiste !

Une lecture vivement recommandée, bien sur !

Par FredGri, le 4 février 2019

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