Racket

Cette fillette vient d’avoir son premier portable, un cadeau de son père qui l’aime, elle se promène dans la rue, se fait aborder et se fait racketter. De retour chez elle elle pleure, son père la rassure, ils ne sont que tous les deux, la maman n’est plus à leur côté, une incroyable force les lie, ils s’aiment, la fragilité de sa fille le touche, l’émeut. Il lui rachète un petit téléphone en rentrant du boulot à l’hôpital. Elle est heureuse, sert son père dans ses bras, et le lendemain elle revient chez elle par le même chemin, elle se refait aborder, mais cette fois refuse d’obtempérer… L’inconnu sort un couteau…

Par fredgri, le 10 janvier 2015

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Notre avis sur Racket

Aucun mot dans ce troublant album, pas un son, si ce n’est ceux qu’on devine au grès de notre lecture. Stéphane Levallois nous hypnotise littéralement dès les premières pages qui nous entraînent dans une sorte de long travelling.
Le voyage est fascinant, car très habilement l’auteur nous dépeint le portrait d’une relation père-fille très émouvante. Les gestes de l’homme sont justes, attentifs, il regarde sa fille, il l’aime, il lui tient la main, la regarde s’endormir… On reconnait cette petite attention du parent vers son enfant, ce geste d’amour et cette inquiétude qui peuvent parfois effacer le monde qui nous entoure… La fillette est délicate, un petit bout de choux, ses cheveux viennent accentuer la grâce de ses mouvements, la simplicité toute naturelle de ses mouvements tandis qu’elle se déplace, qu’elle se laisse glisser dans son rêve comateux…

Ce très bel album est donc rythmé à la fois par un drame sourd qui s’étire lentement, qui laisse s’installer une tension presque palpable, mais c’est aussi un formidable périple graphique ou l’artiste teste des pistes, expérimente des styles, alternant l’encre et le crayon, en passant par la plume, par l’aquarelle etc. C’est magnifique, époustouflant, on est touché très profondément par cette subtilité de ton, ce mouvement perpétuel, nous ne lâchons pas cette lecture de la première à la dernière case, sur plus de 300 pages.

Le scénario ne mise donc absolument pas sur une originalité à tout prix, la situation est même plutôt convenue, mais qu’importe, car Levallois va bien au delà, il explore l’intimité, les doutes de ses deux personnages, il laisse se dérouler la situation apparemment irrémédiable pour progressivement l’enrichir de multiples pistes. On entre dans les rêves de la fillette, on découvre ses cauchemars, ses angoisses, on suit son père qui commence à s’éteindre sous l’œil de ses collègues, un frisson…

"Racket" est un album puissant et particulièrement émouvant. Une rencontre qui ne laisse pas indifférent. La confirmation que Stéphane Levallois reste un auteur à suivre même s’il sait se faire discret !

Très recommandé !

Par FredGri, le 10 janvier 2015

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