Quintos

Plusieurs sont espagnols, mais les autres viennent de France, des Etats-Unis, de Belgique, d’Allemagne ou encore du Royaume Uni… Ils forment une petite unité comme il en existe d’autres en Espagne, en cette année 1937. Ces unités, composées de volontaires, sont là pour prêter main forte aux troupes républicaines contre les forces fascistes. C’est la guerre civile.

Alors qu’ils sont en route pour Quimera où ils doivent arriver en renfort auprès de troupes alliées en difficulté, un obus détruit leur camion et tue deux des camarades. Nos héros, soldats inexpérimentés, se retrouvent seuls, face à leur destin et à leur mission qui démarre bien mal. Le stress de la situation mêlé aux doutes de ceux qui en viennent vite à se demander "ce qu’ils sont bien venus foutre là" vont changer un groupe uni en autant de participants dont les différences vont s’affirmer.

La guerre aidant, leur effectif va malheureusement n’aller qu’en décroissant…

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Quintos

Ils n’étaient pas là suite à l’appel de tel ou tel parti, mais guidés par l’idéal auquel ils aspiraient pour l’Espagne républicaine. Des volontaires venus de tous pays pour grossir les rangs des milices ibériques anti-fascistes ont inspiré les brigades internationales (communistes) créées à partir de 1936. C’est l’histoire d’un groupe comme cela que l’on découvre dans "Quintos" ; un groupe comme les évoquait aussi le film "Land and freedom" de Ken Loach, en 1995.

Andreas signe avec cette BD un one-shot en parallèle à ses longues séries "Arq" et "Capricorne". Et c’est Isabelle Cochet qui l’a colorisée, comme elle a mis en couleurs nombre des dernières œuvres de l’auteur allemand.

La prestigieuse collection "Long Courrier" de Dargaud offre un format de choix pour cette histoire. Le trait d’Andreas et les couleurs joyeuses de Cochet rendraient presque supportable cette marche forcée sur laquelle pèse quand même l’atmosphère tant redoutée de la mort. Car c’est en effet à une randonnée que l’on participe. Certes, on est bien loin de la marche tranquille puisqu’il y a là des enjeux et des objectifs militaires, mais il n’en reste pas moins que ces individus que l’on va un peu apprendre à découvrir au fil des pages vont eux-mêmes se confier, se dévoiler les uns aux autres. Ces personnalités en réalité si différentes sont quand même celles de personnes qu’un même idéal avait rassemblées. 

"Quintos" est une belle (même si triste) histoire qui, très humainement, sonde les héros, les analyse au travers de leurs angoisses et de leurs appréhensions envers l’avenir incertain vers lequel ils marchent. On veut, au fur et à mesure de la lecture, s’attacher aux personnages, mais la guerre nous les prend malheureusement un par un comme elle les prend un par un les uns aux autres.

N’hésitez pas à lire cette très intéressante bande dessinée. Rarement la couleur n’a pour moi aussi bien servi (contradictoirement) un récit finalement si noir, si pessimiste, si angoissant, à l’image de cette dernière planche et des yeux d’Ernst dans lesquels on comprend très clairement qu’un tome 2 n’est pas à l’ordre du jour…

Par Sylvestre, le 26 mars 2006

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