Quelqu'un à qui parler

Alors qu’il fête sans convive ses trente-cinq ans, Samuel Verdi ne peut s’empêcher de se morfondre. En dernier recours, il appelle au téléphone Armelle, son ex qui l’a quitté il y a huit ans, et qui, bien sûr, l’éconduit une nouvelle fois. Dans sa solitude, il décide d’appeler le seul numéro qu’il ait en mémoire, celui de son domicile quand il était jeune. Contre toute attente, une petite voix lui répond. Stupéfait, Samuel engage la conversation et découvre bientôt que le petit garçon qu’il a au bout du fil n’est autre que lui-même à l’âge de dix ans. Autant dire que les échanges qui vont suivre vont avoir de grandes répercussions sur sa destinée au demeurant bien terne.

Par phibes, le 15 septembre 2021

Notre avis sur Quelqu’un à qui parler

Après Toajène, Grégory Panaccione lâche son complice Bruno Bozzetto et leur univers fantastico-burlesque pour une escapade en solo chez Le Lombard. Ainsi, il prend le parti d’adapter le superbe roman de Cyril Massarotto paru initialement en 2017 chez XO Editions et qui conte l’histoire d’un homme esseulé qui va, au contact de son moi jeune, reprendre en main sa destinée.

C’est donc sous le couvert d’un échange incroyable qui préfigure un soupçon de fantastique que Grégory Panaccione nous livre une version illustrée du roman éponyme ô combien engageante. A la faveur d’un personnage principal, Samuel, que l’on viendrait à plaindre eu égard à cette solitude dans laquelle il s’est installé, l’auteur nous entraîne avec une réelle tendresse dans son quotidien de la première heure pour le moins morne, partagé entre travail pesant (surtout son patron) et routine sans saveur. Mais c’est grâce à une initiative un peu folle que son existence va progressivement basculer, et qui va nous emballer entièrement…

Dans une belle progressivité scénaristique combinant des moments de silence et de dialogues sincères, Grégory Panaccione reste fidèle à l’histoire originale. La dimension humaine dans laquelle il nous plonge a l’avantage de rendre captivant voire attachant le parcours atypique de Samuel, via un développement fluide, empli de rebondissements et évidemment d’émotions. Dans cette remise en question ambiante, l’histoire de cet homme est l’occasion de susciter quelques bonnes petites réflexions sur nous-mêmes, sur les choix pris dans notre jeunesse et ceux dans notre vie d’adulte, sur les résolutions adultes qui vont à l’encontre des aspirations d’antan…

Il va de soi que le graphisme plutôt dépouillé de l’auteur sert à merveille cette adaptation. Reposant sur un trait assurément rapide, le dessin incisif parvient à donner du corps à l’histoire de Samuel (petit et grand) via un déroulé presque cinématographique et un choix d’instantanés très subtil. Les personnages se révèlent dans leur simplicité grâce à une bonhomie confondante, les rendant ainsi crédibles dans leurs diverses pérégrinations.

Une excellente adaptation signée Grégory Panaccione pour une généreuse histoire pétrie de bons sentiments qui fait énormément de bien par où ça passe ! Un grand coup de coeur !

Par Phibes, le 15 septembre 2021

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