Que j'ai été

Charlie est, somme toute, une jeune femme comme bien d’autres. Du haut de ses 25 ans et du malaise qui semble la tourmenter, elle se décide à évoquer son enfance. Pas plus différent que celui d’autres jeunes filles certes, son passé s’apparente au parcours d’une enfant un tantinet rebelle, plutôt nature, faisant preuve d’une certaine introversion et jouissant d’une totale liberté verbale. Toutefois, elle est grevée par le souvenir d’une amourette de jeunesse improbable qui aurait pu tourner au drame. Aussi, vivre avec le souvenir de cette enfance-là ne lui est pas forcément agréable et dire ce qu’elle a été, provoque en elle une dualité qu’il va falloir apprivoiser.

 

Par phibes, le 28 juillet 2010

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Notre avis sur Que j’ai été

Cet album, réalisé à 6 mains, plonge le lecteur dans une évocation biographique d’un personnage qui tend à ressembler à celui de Charlotte Blazy (Hors temps), la coscénariste. Cette dernière qui, pour la circonstance, s’est associée à Joseph Safieddine (Yallah Ecoute!, Le Monstre) relate dans une naturalité confondante, les vicissitudes morales de Charlie qui n’en finit pas de se morfondre au gré de ses réflexions intimistes.

Le ton employé qui transforme le lecteur en confident privilégié, exprime à la perfection le mal-être dont souffre Charlie, se ressentant dans la voix-off omniprésente et explicite dont regorge les 80 planches de l’album. Utilisant subtilement de nombreux allers-retours entre passé et présent, les scénaristes présentent les étapes clés qui ont favorisé le malaise de celle-ci. On y relèvera aussi sa façon de se caparaçonner contre elle-même et également sa remise en question. Entre sa première sortie en classe verte durant laquelle la désillusion voire la déception sont nées, et ses consultations chez le psy, Charlie dévoile, dans une liberté totale, son enfance grevée par une culpabilité croissante qui lui empêche d’assouvir pleinement son émancipation sexuelle et qui va la pousser à combattre ses souvenirs de jeunesse.

Renart assume son travail graphique avec générosité. Son trait rapide, un tant soit peu naïf, est certes épuré et se dégage de la contrainte réaliste. Il y a de la sensibilité qui transparaît de ses personnages qu’il crée d’un geste qui se veut de plus en plus assuré depuis Base neptune. On appréciera les expressions adéquates de Charlie, les métaphores employées pour traduire l’état d’esprit de cette dernière. Par ailleurs, le fait d’appuyer son travail par un lavis sépia monochrome judicieux donne une dimension plus sympathique à son univers.

Que j’ai été est un petit album intimiste très agréable, psychologiquement fort, qui dévoile naturellement les trames d’une adolescence difficile sur fond de dualité intérieure.

 

Par Phibes, le 28 juillet 2010

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