Le quatrième mur

 
Georges a rencontré Samuel et Aurore le même jour. Le premier, c’était un metteur en scène grec qui était intervenu à la fac de Jussieu où Georges étudiait. La seconde, c’était celle qui allait devenir sa femme.

Georges et Samuel sont devenus de très bons amis que différentes passions ont liés, et surtout le théâtre. Et justement, un jour, sur le lit d’hôpital où il allait vivre ses derniers instants, Samuel a demandé à Georges une dernière faveur : monter pour lui, au Liban, une pièce de théâtre.

Ce n’était pas n’importe quelle pièce : c’était Antigone, de Jean Anouilh. Et ça ne devait pas se faire n’importe comment : Samuel avait déjà tout planifié et il avait même déjà ses acteurs ; il n’y avait plus qu’à les rassembler pour faire les répétitions et assurer la représentation. Ces acteurs étaient des jeunes issus de communautés qui cohabitaient mal, au Liban, mais qui, symboliquement, seraient unies au moins le temps de cette représentation…

Georges a accepté. Il a ainsi laissé plusieurs fois Aurore et leur fille pour se rendre au Liban où il a rencontré celles et ceux qui allaient jouer Antigone au pays des cèdres. C’était en 1982, juste avant que la guerre éclate…
 

Par sylvestre, le 5 janvier 2017

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Notre avis sur Le quatrième mur

 
Adaptation en bandes dessinées du roman (du même titre) de Sorj Chalandon par Eric Corbeyran et Horne, Le quatrième mur raconte en noir et blanc l’histoire d’un merveilleux projet que la guerre va ranger au rayon des utopies.

Beaucoup d’éléments se présentent dès le début, et on ne sait pas tout de suite si l’on va suivre un récit sur la Palestine, sur le théâtre, sur la Grèce ou encore sur la politique… Si l’on va suivre un personnage plus qu’un autre… On se dit même que cette amitié qui naît entre Georges et Sam est vraiment une amitié de fiction : le genre de rapprochement auquel on a un peu de mal à croire, leur première rencontre ayant été tellement furtive et leurs raisons de se revoir légitimes mais pour autant pas si "obligatoires".

Mais on accroche sans peine, et ce grâce aux différents chapitres qui, l’un après l’autre, attisent de plus en plus notre curiosité et notre intérêt pour nous conduire, un peu avant la moitié de l’ouvrage, aux épisodes "charnières" : quand Sam, très malade, missionne Georges, puis quand ce dernier accepte l’originale responsabilité qu’il lui est proposé d’endosser et part pour le Liban afin de mener à bien cette excitante mission qu’il n’a pas pu refuser au nom de cette amitié si forte qui existe entre eux deux.

Sous le ciel du Liban, et par le thème du théâtre, le propos change quelque peu et s’oriente vers ce "problème de l’intercommunautarisme libanais" qu’on ne pouvait pas deviner au départ de la lecture. Comme Georges, on y est donc confrontés d’un seul coup mais on prend part, aux côtés de l’apprenti metteur en scène, à l’aventure. Alors, on comprend "ce qui se passe là-bas" et on se met à notre tour à mettre tous nos espoirs dans cette Antigone et dans ses vertus qu’on veut voir révélées. Jusqu’à subir la suite, les initiatives des "trop peu" ne faisant généralement pas le poids faces aux politiques radicales.

Cette histoire fait appel à bien des sentiments et en cela, elle est très forte, très touchante. Il y est question d’amitiés étroites mais aussi d’amour et d’engagement, de cohabitation et de guerre, de douceur et de violence…

Une superbe histoire à découvrir en BD aux éditions Marabout !
 

Par Sylvestre, le 5 janvier 2017

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