Quatre couleurs

Grégoire est étudiant en première année de Licence d’Histoire de l’Art pour la troisième année consécutive. Face à la pression de son père qui le menace de lui couper les vivres s’il échoue cette fois encore, il demande à son ami Pierre de l’aider à réussir ses examens en échangeant leur identité pour un cours…
Cette même rentrée est marquée par la mort d’une étudiante. Suicide en apparence, la police enquête sur le campus pour tenter de démêler le vrai du faux…
Et pour ne rien arranger à la complexité de l’affaire, la rencontre de quatre femmes, toutes fatales dans leur style, mêlent les hormones des deux copains à ce sulfureux bouillon…
Une histoire qui semble griffonnée sur un coin de table au stylo quatre couleurs pour un polar intense et intimiste en noir, rouge, vert et bleu.

Par Anaïs, le 20 avril 2015

Publicité

Toute la BD, que de la BD !

Notre avis sur Quatre couleurs

Un petit format, en trois bandes, comme un carnet de croquis.
Dès les premières pages, armé de son vieux stylo quatre couleurs, dernière relique chargée des souvenirs de ses années de Fac, le personnage de Grégoire revient sur cette année noire de sa vie.
Comme la parole psychanalytique, le dessin au stylo BIC, familier de nos gribouillages inconscients, est utilisé comme le médian d’une libre association, d’une écriture automatique pour réactiver chez le narrateur la mémoire des événements, les redécouvrir, se les réapproprier pour enfin vivre avec.

Dans ce dispositif narratif, chacune des quatre couleurs se réfère à tour de rôle à des éléments anecdotiques (le noir d’un téléphone, le bleu du fond d’une piscine, le rouge d’une trousse, le vert d’un regard, etc.) comme autant d’indices qui font avancer le récit et révèlent en prisme les nœuds de l’intrigue. De même, chacune des protagonistes se voit attribuer une couleur définissant sa personnalité et induisant son rôle : la vénéneuse Chloé (noir), la désirable et pulpeuse rouquine Mathilde (rouge), l’ingénue et sexy professeur d’Art (vert), et la profonde, insondable et fantasmatique étudiante de la bibliothèque (bleu). Un chœur de femmes dans la tradition des films noirs.

L’esthétique du trait -ou plutôt des traits-, loin de hacher le récit lui confère une attraction hypnotique qui met le lecteur à distance de la réalité des faits relatés autant qu’il le captive par la dimension obsessionnelle du geste. En effet, les petits traits de couleurs des premières pages ne sont pas sans rappeler les barres, comptées, des jours passés en prison, ou encore les hachures répétées, reproduites presque à l’infini de certaines œuvres qualifiées d’Art Brut de ceux qui semblent avoir perdu la raison du monde. Simple mais jamais simpliste, cette forme graphique à part entière rend hommage à de nombreux maîtres de l’histoire de l’Art tels que Van Gogh, Munch, Picasso, Klein, ou encore Lautrec.

Une bande dessinée habile, où le fond et la forme se répondent au travers d’une chronique originale et rythmée entre enquête policière et personnelle.

La SNCF remettra fin mai 2015 son Prix Polar Bande Dessinée. 5 BD sont en compétition pour ce grand prix public (tout le monde est invité à voter sur www.polar.sncf.com)

Les autres albums en lice sont sur Sceneario.com

Par Anaïs, le 20 avril 2015

Publicité