Quand souffle le vent des îles

En 1861, breton d’origine, le lieutenant Julien Le Denmat a obtenu la responsabilité du poste de douane de Tréguignec. Le territoire se prêtant on ne peut mieux aux trafics en tout genre, le jeune gradé ne tarde pas à faire le tour de la contrée afin d’y soulever quelques suspicions de fraude. Mais contre toute attente, depuis de nombreuses années, aucun trafic illicite n’a été découvert, surtout grâce à la bienveillance bien curieuse du maire local, Gonéry Lézongar. C’est lors de ses pérégrinations que Julien Le Denmat apprend que l’un de ses prédécesseurs, 17 ans plus tôt, a été retrouvé mort, assassiné sur l’ île de Tomé au terme d’un rite funéraire. Cet évènement ancien suffit à aiguiser la curiosité du lieutenant qui, à l’image du vent des îles lorsqu’il se lève, fait fi sur son passage de toute résistance.

 

Par phibes, le 16 mai 2010

Notre avis sur Quand souffle le vent des îles

François Debois, originaire lui-même de la belle Bretagne et auteur fortement imprégné des légendes celtiques, renoue pour la troisième fois avec l’adaptation de récits réalisés par l’écrivain Anatole Le Braz, après Le sang de la sirène et Le gardien du feu (dont le 2ème épisode est sorti en avril dernier). A ce titre, un petit préambule nous informe que ce one-shot regroupe deux nouvelles écrites au tout début du 20ème par ledit Le Braz. L’histoire contée met en scène un jeune fonctionnaire des douanes, nouvellement affecté à un poste sur la côte bretonne qui va se lettre en quête contre des fraudeurs par le biais d’une enquête sur l’assassinat de l’un de ses prédécesseurs.

Dès le départ, le lecteur est vite mis dans l’ambiance qui prend une connotation mystérieuse par l’apparition d’une meute cagoulée qui prend en chasse un personnage en uniforme. A partir de cette vision furtive et de l’aboutissement sanglant de cette rencontre, un soupçon d’ésotérisme semble prendre le pas, corroboré par les témoignages énigmatiques et quelque peu terrifiants de résidents. C’est dans ce contexte qu’est lancée une enquête policière, perpétrée par Julien Le Denmat, un lieutenant du service des Douanes.

L’enquête est rondement menée, issue d’un découpage scénaristique astucieusement dosé de façon à bien assimiler la progression de cette dernière. Au gré des dialogues abondants et caractéristiques de l’époque, les rencontres sur cette partie de territoire sont multiples et cachent, comme il se doit, des mensonges, des malversations souterraines que le jeune limier doit découvrir. On se plait, au fil des pérégrinations du jeune Julien, à supputer sur l’innocence ou la culpabilité de ceux qu’il croise, pour, à la fin, avoir la confirmation ou l’infirmation de nos appréciations. A cet égard, on pourra apprécier l’étude psychologique des personnages (Julien et les autres) qui a été exécutée avec soin.

Sans atteindre certes le niveau d’une intrigue à couper le souffle, cette adaptation possède un potentiel évident dans le mystère qu’elle entretient, le zeste d’amourette qu’elle fait naître et surtout dans l’évocation de la culture bretonne du 19ème. François Debois nous mène sûrement à bon port dans un dynamisme sans excès, mêlant les passés et les présents de ses intervenants avec justesse.

Pour l’occasion, c’est Serge Fino qui prend les commandes de la mise en images. Le superbe travail qu’il réalise, conforté par la colorisation excellente de Digikore Studios s’établit dans la lignée de ceux faits précédemment sur les séries entre autres, de Dossier tueurs en série (3 tomes), Corpus Hermeticum (1 tome)… On perçoit sa volonté de coller à la réalité historique et géographique d’où ses recherches documentaires. Ses personnages, tenues vestimentaires comprises, sont convaincants et portent brillamment l’intrigue grâce à leur expressivité et leurs mouvements évocateurs.

Un ouvrage complet sur une aventure policière aux ambiances historiques très bien restituées et à l’intrigue frauduleusement bien cadrée.

 

Par Phibes, le 16 mai 2010

Publicité