QUAI D'ORSAY
Chroniques Diplomatiques

Un véritable duel s’instaure entre les Etats-Unis et l’ONU, d’un côté, la recherche par les USA de preuves évidentes de production d’armes de destruction massive au Lousdem, en lien avec la menace terroriste du Moyen-Orient et de l’autre, Alexandre Taillard de Vorms, Ministre des Affaires Etrangères qui reste campé sur ses positions : éviter la guerre à tout prix. Il faudra alors trouver les arguments pour convaincre les différents membres du Conseil de Sécurité. Ce ne sera pas une mince affaire, même avec toute la clique bienveillante de conseillers qui l’entoure…

Par Placido, le 3 décembre 2011

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2 avis sur QUAI D’ORSAY #2 – Chroniques Diplomatiques

Ah! Le retour à la fois très attendu du fait d’un premier tome excellent et à la fois inattendu lorsque j’ai reçu le tome 2 entre les mains. Un nouveau "Blain", avec Abel Lanzac au scénario, pour la suite tumultueuse (et ce n’est pas peu dire) d’Alexandre Taillard de Vorms, ministre des Affaires Etrangères largement inspiré de Dominique de Villepin. Une fois de plus les talents du duo éclatent à chaque planche et je crois bien qu’ils ont encore fait mieux que le premier tome en nous offrant une histoire plus étoffée, plus travaillé et plus vivante, d’un réalisme troublant où même si tout est survitaminé et va à une vitesse folle, on imagine très bien que ça peut se passer comme ça…

Il y a déjà ce scénario, où Lanzac, fin connaisseur du milieu nous sert sur un plateau toute la vie du Quai d’Orsay, les discussions décisives de couloirs, les réunions dans l’urgence sur un coin de table, les appels incessant des média… Il y a un côté un peu documentaire à tout cela, on a vraiment l’impression d’y être, d’être avec ces gens un peu hors norme qui font fondre leur propre cerveau jusqu’au bout de la nuit afin de prendre une décision et écrire un discours influent… Car l’enjeu est de taille, d’une taille inimaginable, tout est très tendu, il faut faire attention à chaque détail, accepter des compromis inacceptable, refuser des compromis non refusable et pourtant nous sommes avec eux jusqu’au bout, on ne les quitte à aucun moment, ces hommes politiques, on ne les délaisse pas avec leurs discours incompréhensibles, on est présent, on les comprend.

Cette présence et cette compréhension, nous la devons particulièrement au talent scénaristique des deux auteurs qui, avec une verve très fluide et d’une souplesse incroyable, nous offrent des dialogues d’une qualité rare. Ils m’ont parfois fait penser à ceux de Jacques Audiard, l’aspect très juste, très percutant avec toujours cet humour inattendu, parfois à la limite de l’absurde. Alexandre Taillard de Vorms est percutant, ses dialogues sont très courts, très incisifs et on imagine très bien le ministre fulminé dans sa tête car il doit transmettre ses idées en très peu de temps. Il a un rôle encore presque omniprésent dans ce tome, il stabilote toujours tout, il motive avec toujours autant d’ambition ses troupes et il s’impose en leader ultra-charismatique et incontestable, même auprès des autres pays. Et nous comprenons très bien ce que peuvent ressentir les différents conseillers à son égard, entre crainte et admiration. C’est un personnage incroyable.

Côté dessin, Christophe Blain fait des miracles. Jamais je n’ai vu un dynamisme aussi intense et vrai que sur ses albums. Alexande Taillard de Vorms vit à 200 à l’heure, Blain le dessine à 200 à l’heure. Il se trouve à l’aise avec toute sorte de situation, utilise habilement les onomatopées (à revoir la scène des turbulences dans le Falcon), met en images avec une évidence déconcertante les sentiments de chacun des personnages et manie l’humour à merveille, abusant tel un plaisir coupable de toute sorte de symboles et de figures, toujours avec cette fumée extravagante qui s’échappe directement des cerveaux. Les couleurs très douces de Blain et Clémence Sapin amène aussi un certain esthétisme aux bureaux du ministère.

Une fois de plus, l’album ne parle quasiment que de politique, mais en aucun cas les auteurs ne font de la politique. Ce n’est pas engagé, il s’agit purement de politique, dans une forme brute, celle du Quai d’Orsay. Et même si l’on est désintéressé du monde politique, l’album est passionnant. C’est un véritable tour de force des auteurs, que de nous plonger dans ce monde si particulier et inconnu, très "secret", avec autant d’humour et de passion. Blain a expliqué : "Tout l’enjeu de notre travail consistait à être à la fois juste et romanesque". C’est exactement ça.

Une grande réussite.

Aller maintenant, venez, on va pisser.

Par Placido, le 3 décembre 2011

Que ce soit avec Les meilleurs ennemis de David B. et Jean-Pierre Filiu, qui retrace l’histoire politique de l’état d’Israël ou à présent avec le deuxième tome de Quai d’Orsay, la politique aura été à l’honneur cette année. En cela la bande dessinée trouve une résonance avec le cinéma dans les excellents films d’Alain Cavalier, Pater et de Pierre Schöller, L’exercice de l’Etat (couverture de Positif du mois de novembre, n°609). Et il est d’ailleurs intéressant de noter que ces deux films offrent aux lecteurs qui les ont vus un regard plus aguerri.

Au-delà de son propos savoureux, Quai d’Orsay se démarque par sa mise en scène reposant en majeure partie sur l’énergie. Mais dans cette approche qui signe la marque de Christophe Blain, l’auteur n’oublie pas de donner à ses personnages une épaisseur (voir même une fêlure pour Isaac le pirate ou Gus) qui permet une fois la jubilation de la lecture retombée, de laisser une empreinte chez lecteur.

Bon aller comme l’a si bien dit Placido, venez on va pisser.

Par melville, le 16 décembre 2011

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