Punk Rock Jesus

(PUNK ROCK JESUS 1 à 6)
En 2019, les chaînes de télévision sont prêtes à toutes les bassesses pour faire du chiffre, ainsi la chaîne OPHS invente le concept d’une nouvelle émission de télé-réalité "J2" qui consiste à re-créer un clone de Jésus en partant de l’ADN retrouvé sur le saint suaire, et en l’injectant dans un ovocyte non fécondé, celui de la jeune Gwen qui va ainsi donner naissance au petit Chris. Ensuite, sous la protection de Thomas McKael, un ancien membre de l’IRA ils vont devoir vivre sur une ile, filmé 24 heures sur 24, tandis qu’à l’extérieur les groupuscules chrétiens tentent sans cesse de libérer la jeune fille ! Les années passent, la tension augmentent d’autant que Gwenn se sent de plus en plus oppréssée par cette prison dorée, à faire la comédie devant les caméras. Chris grandit et se rend compte de la situation qui part de plus en plus en sucette à partir du moment ou sa mère est explusée de J2…

Par fredgri, le 23 août 2013

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Notre avis sur Punk Rock Jesus

La dernière page de Punk Rock Jesus tournée nous laisse un peu sans voix, principalement parce que cette lecture qui va crescendo nous entraîne dans une réflexion sans concession sur la religion, la force des médias et la bêtise humaine en générale, poussant les uns et les autres à s’entretuer, à se lancer à corps perdu dans des actions extrêmement dangereuses, tout ça par hermétisme, par obscurantisme ou simplement bassement par cupidité.

La machine que lance Sean Murphy avec cette mini série remarquable est d’une précision d’orfèvre. Le scénario mène plusieurs intrigues en même temps, couvrant ainsi l’histoire de Thomas, sa jeunesse avec l’IRA, ses entrainements. Ensuite nous suivons la croissance de Chris, ses prises de conscience, sa relation avec sa mère, avec son "amie" Rebekah, puis petit à petit sa rébellion et son engagement avec les Flak Jackets… A cela on peut rajouter les magouilles manipulatrices de Slate, la chute névrosée de Gwen, les recherches sur le clonage par Sarah… Le propos de Murphy est donc très complexe et foisonnant, il ne se cantonne pas uniquement à la religion, ni même à la dessouder, non, ici c’est tout le portrait d’une société américanisée, pleine de paraitre et d’extrêmes qui est tiré par ce scénario très précis et passionnant ! Et malgré ses côtés un peu poussifs le récit pointe surtout du doigt les travers de cette société qui préfère s’entre déchirer à grand renfort d’intolérance sous de fallacieux prétextes de différences religieuses, plutôt que simplement tenter de trouver des solutions constructives.
Alors Chris se coupe les cheveux, se fait une crête et devient le chanteur d’un groupe punk, principalement parce qu’ainsi il se positionne contre l’ordre établi, une vraie rébellion, le moyen de cracher sa rage, de déglinguer toutes ces valeurs nombrilistes, une façon de s’engager purement et simplement contre ce système qui l’a construit, qui l’a modelé, qui s’est servi de lui !
Punk Rock Jesus devenant alors une sorte de manifeste anti-conventionnel plein de charisme et d’énergie !

Principalement connu pour son travail graphique, Sean Murphy nous montre ici une autre facette de son talent narratif. Avec l’étiquette de scénariste il nous raconte une histoire passionnante orchestrée avec beaucoup d’habileté et de finesse. Il prend le temps de bien développer les différentes personnalités sans jamais s’emmêler les pinceaux et en prenant soin de ne laisser personne en retrait. D’autant qu’encore une fois les multiples intrigues sont très approfondies et précises, que le propos aux multiples ramifications va très loin. On ne ressort pas indemne de cette lecture ! De plus, graphiquement, C’est du Murphy en super forme, servi par un noir et blanc sublimement contrasté et encré avec une vivacité incroyable !

Cet album fait donc partie des indispensables du catalogue Vertigo et révèle un scénariste qui mériterait d’être moins occulté par le graphiste hors pair qu’il est malgré tout !

Très fortement conseillé !

Par FredGri, le 23 août 2013

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