Joseph

En 1961, Joseph revient au pays après avoir passé trente mois en Algérie. L’accueil que lui fait sa famille est pour le moins froid. Considéré comme un planqué pour avoir obtenu un emploi de bureau, il est dénigré par son père et reçu par sa mère sans réelle effusion de joie. Joseph retrouve son frère qui, pendant son absence, a eu un accident de tracteur et est devenu paralytique. Là aussi, les reproches ne tardent pas à fuser. Il décide alors d’aller au village et s’arrête au café tenu par René, le père de Mathilde avec laquelle il a eu un flirt avant de partir. Les retrouvailles avec le cafetier se veulent des plus chaleureuses. Ce dernier en profite pour demander, malgré les quolibets de ses clients vis-à-vis de Joseph, des nouvelles de son fils qui est lui aussi en Algérie. C’est en retournant chez lui que le jeune homme est victime d’un accès de stress qui le plie en deux. Le lendemain, Joseph aide son père au champ mais malheureusement, il est la cible de nouveaux reproches par son père. Comment le démobilisé va pouvoir se sortir de ce flot de dénigrement perpétré par son entourage ? Est-ce que Mathilde serait à même de calmer son esprit bouillonnant ? A moins que l’arrivée du fils à René vienne rétablir certaines vérités…

Par phibes, le 25 février 2020

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Notre avis sur Joseph

Sous le couvert d’un titre à rallonge pour le moins racoleur et d’un premier de couverture qui suscite bien des interrogations, Philippe Pelaez vient nous livrer une histoire dramatique ayant pour contexte la guerre d’Algérie. Plus particulièrement, il nous conte une fiction qui se réfère à ces retours (certains douloureux) au foyer vécus par les hommes qui ont participé à l’horreur des combats.

On ne pourra que saluer le très beau travail du scénariste qui nous offre un récit particulièrement fort. Par le biais de Joseph, on découvre à différents niveaux le tourment de cet ancien soldat généré par un entourage peu compréhensible. Il est évident que pour construire son équipée, Philippe Pelaez a dû fournir un effort documentaire conséquent. Aussi, on adhère pleinement aux vicissitudes du personnage principal face à l’ignorance de sa famille, à l’imbécilité de nombreuses personnes, à l’immaturité d’autres.

Evidemment, on perçoit que Joseph, sous son air triste, cache un secret inavoué qui n’attend plus qu’un évènement pour le faire éclore. Dans ce contexte familial tendu, dans cette relation sentimentale rompue, le héros accumule une souffrance psychologique qui suscite bien des émotions et se dévoile progressivement à nous. L’intrigue ainsi mise en place associée à des lettres écrites de la main du soldat s’avère on ne peut plus marquante par sa sensibilité, par sa dureté quelques fois et aussi par une certaine morale sous-jacente.

Le travail semi-réaliste de Victor L. Pinel se veut au diapason du scénario de Philippe Pelaez. A la faveur d’un trait fluide à prime abord à la consistance doucereuse, l’artiste parvient à susciter remarquablement par le jeu de son personnage-clé le trouble qui le mine intérieurement. Les autres protagonistes bénéficient également d’une représentation marquante, dans une générosité et une diversité esthétiquement convaincantes. Le travail côté décors est remarquable, détaillé et rigoureux.

Une superbe histoire aux accents dramatiques qui a l’avantage d’être complétée d’un dossier fourni concernant le difficile retour du soldat.

Par Phibes, le 25 février 2020

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