PROVIDENCE
L'Abîme du temps

(Providence 5 à 8)
Robert Black arrive à Manchester, et plus particulièrement au collège universitaire de Saint-Anselme, afin d’y consulter l’exemplaire du "Livre d’Hali" qui s’y trouve. Il rencontre alors la jeune Elspeth Wade dont l’étrange intelligence le fascine. Sa rencontre avec la vieille Mlle Macey, sa logeuse sur place, lui fait aussi une très forte impression, au point ou décide de quitter la ville le plus rapidement possible, pour Boston…

Par fredgri, le 20 juillet 2016

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Notre avis sur PROVIDENCE #2 – L’Abîme du temps

Je me rends compte qu’avec une série comme Providence l’exercice du résumé est assez délicat !
En effet, dans ce second volume, Moore confronte son personnage principal à l’horreur la plus insidieuse. Jusque là, Robert traversait le récit comme une sorte de témoin, sans être particulièrement concerné physiquement par les horreurs qui pouvaient l’entourer. Dans ce second volume, pratiquement dès les premières planches il fait face au cauchemar, la réalité se déforme devant lui, le temps s’étire, les choses se révèlent, tandis que Moore multiplie les références plus ou moins obscures à Lovecraft, jusqu’à amener son héros à rencontrer pour de bon l’écrivain lui même, lors d’une lecture publique de Lord Dunsany !

Beaucoup d’idées sont exprimées dans ce volume, sur le temps, les mondes souterrains, les rêves, la conscience. C’est complexe et fascinant à la fois, car Moore reste très accessible, malgré tout. Il nous entraîne dans un voyage troublant ou l’on a parfois le sentiment de passer à côté d’un élément important par-ci par-là, mais cela ne nous empêche pas d’évoluer dans le récit, sans soucis !
De plus, dans le premier volume, le récit donnait très clairement l’impression de se trouver dans une visite guidée de l’univers de Lovecraft. L’idée reste malgré tout ici, encore une fois, mais le héros qui est plus impliqué, sort de son simple statut d’observateur pour devenir un véritable acteur du récit.
Ici, Moore pousse bien plus loin l’horreur qui influe davantage sur le récit, au point de troubler quelque peu l’intrigue elle même ! Mais le scénariste rajoute des extraits du journal intime de Robert à la fin de chaque chapitre. Ces extraits permettent aux lecteurs de mieux appréhender certaines scènes (malgré le fait que Robert n’arrive pas complètement comprendre ce qui lui arrive), de revenir sur des choses qui n’ont pas été racontées dans les pages que nous venons de lire. Le processus est vraiment intéressant, car cette touche de subjectivité augmente la tension et l’incompréhension qui peuvent nous gagner parfois !

J’avoue néanmoins que l’ensemble gagne en hermétisme, qu’il est très important de bien lire la note finale de l’éditeur qui contextualise et explique certaines passerelles dressées entre Providence et l’œuvre de Lovecraft (très utile pour ceux qui, comme moi, ne sont pas des experts en la matière !) Ce qui rend cette lecture à la fois troublante, captivante, mais dérangeante !

Moore reste définitivement un auteur en marge qui continue de proposer des projets surprenants. Il vient de terminer son monumental roman "Jerusalem", il entame une anthologie mensuelle "Cinema Purgatorio" chez Avatar, un titre ou il est accompagné par des gens comme Ennis, Gullen ou encore Brooks. Le scénariste anglais a encore pas mal de choses à dire, on attend donc impatiemment le dernier volume de Providence…

Très recommandé !

Par FredGri, le 20 juillet 2016

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