La Propriété

On n’a, au départ, aucune idée de la nature de cette propriété. On sait simplement que quelque chose, à Varsovie, appartient à Gisela, une vieille dame juive vivant en Israël mais ayant vécu sa jeunesse dans la capitale polonaise. Cette propriété fait l’objet d’un voyage, d’un retour aux sources pour Gisela qui n’y est pas retourné depuis l’adolescence. Elle sera accompagnée par sa petite fille Mica, dont le père (le fils de Gisela, donc) est récemment décédé. Assez rapidement, on réalise que cette histoire n’est qu’un prétexte, car très vite, les secrets de familles vont refaire surface…

Par Placido, le 6 février 2014

Notre avis sur La Propriété

J’ai pris un plaisir énorme et je dois dire, assez inattendue à lire cette BD. J’avais oublié comment la ligne claire pouvait être agréable à lire, lorsqu’elle est parfaitement maîtrisée. Car même si La Propriété représente en soi une belle histoire, c’est en grande partie le travail d’orfèvre de l’auteure, Rutu Modan, qui m’a marqué.

Quel talent ! Le dessin, la mise en scène, la narration. Tout est talent. Déjà cette ligne claire, parfaitement exécutée, aux contours très sûrs et aux détails pleins de finesse. Très expressifs, les personnages sont particulièrement beaux et vivants ! Les couleurs sont également à mettre en avant, très présentes, très variées, indispensables à l’ambiance de la BD. Ce graphisme impeccable va ainsi faire briller un scenario élaboré, à la mécanique parfaitement huilée. Les plans sont d’une lisibilité totale et le rythme constitue également une des réussites de La Propriété. On y retrouve un rythme soutenu à l’image d’un roman policier et un autre rythme tout en lenteur, où l’intimisme ressort onctueusement. L’envie d’en savoir plus s’installe bien confortablement malgré le calme apparent et on ne peut clairement pas en laisser tomber la lecture comme on laisserait tomber une partie de démineur.

Les pourtours de l’histoire sont certes assez sombres (la shoah, le ghetto de Varsovie…) mais le fond est plutôt léger et drôle : il y a beaucoup d’amour et d’humour dans cette BD. Les personnages généreusement hauts en couleurs vont nous amener à des rebondissements typiques de la comédie sentimentale, pour un dénouement dans une ambiance superbe de fête des morts polonaise, à nouveau richement colorée.

Déjà remarquée en 2008 avec son précédent roman graphique, Exit Wounds (prix du meilleur album étranger à Angoulême et prix France Info), Rutu Modan gravit les échelons en décrochant en 2014 le Prix du Jury.

Par Placido, le 6 février 2014

Publicité