La promesse de l'aube

Allongé sur une plage, défait, Romain se souvient de sa mère, de sa vie à ses côtés, ses rêves, les mille et un aléas qui ont ponctué son parcours jusqu’à ses premiers succès littéraires… Mais il se souvient surtout de cet amour débordant pour lui, de ce sens du sacrifice, de ses petites attentions, de ses yeux posés sur son fils, assis à sa table, en mangeant…

Par fredgri, le 12 mars 2014

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Notre avis sur La promesse de l’aube

L’album commence par quelques planches qui adaptent directement le premier paragraphe du texte original de Romain Gary. Le style de Sfar est vif, il s’attarde sur le regard de l’homme, sur cette réalité autour de lui qui se déforme petit à petit, sans concession… Puis nous voyons arriver le texte de Gary, ces mots ou le temps s’entremêle, sautant d’un souvenir à l’autre. Petit à petit on lit le livre et on croise les illustrations de Sfar qui reste en retrait, légèrement.

Le texte est bien évidemment très touchant car avant l’homme il y a un enfant qui aime sa mère, qui découvre la réalité qui se cache derrière ce bifteck dans son assiette, il y a des larmes, le souhait qu’un jour ces épreuves seront déposées aux pieds de cette maman qui le mérite… On est touché par cette subtilité mêlée à la réalité/fiction, le tout relevé deçi delà par un dessin, par une planche, par un Sfar qui en perd, pour une fois, la parole. Et Sfar illustrateur a lui aussi l’œil plein de finesse. C’est juste, c’est attachant et complètement dans la continuité du texte ! Un mélange délicieux !

Je ne connaissais pas le livre de Romain Gary et j’avoue que cette découverte est des plus agréables, d’autant qu’elle permet de réellement prendre l’ampleur de ces deux univers qui se croisent.
Le narrateur se fait donc la promesse qu’un jour il permettra à sa mère de prendre la revanche sur ce qu’elle a endurées. Il revient alors sur leur vie, de la Pologne à la France, prenant surtout des allures d’une grande et belle déclaration d’amour, avec parfois quand même le sentiment aussi d’avoir été trop aimé. Avec beaucoup de lucidité Gary revient sur cette présence aimé et quelque fois trop envahissante aussi, présentant sa propre vie sous le prisme de cette relation maternelle. Ses rêves prennent un relief autre. Il nous raconte son apprentissage d’aviateur, la guerre en France, en Angleterre, en Ethiopie, en Syrie, en Afrique Équatoriale, les femmes puis son enfance en Russie, en Pologne, à Nice, le luxe et la pauvreté…
Et il y a les lettres qu’il reçoit de sa mère, les actes héroïques qu’elle lui prète… Ses moments passés à la lire, à s’imaginer cette petite silhouette assise dans un coin, écoutant les explouts de son fils à la radio…

Cette Promesse de l’aube est donc avant tout un formidable livre qu’il vous faut absolument découvrir, sans plus tarder. Mais ici c’est aussi l’occasion de le rencontrer aux côtés de Joann Sfar dans cette remarquable édition qui permet de prendre toute la dimension de cette œuvre !

Par FredGri, le 12 mars 2014

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