PROLONGATIONS
Passion

Lorsqu’une grosse entreprise dépose le bilan, ses employés sont mis à la porte, et plus l’entreprise en question est importante, plus le nombre des licenciés est grand. Le pire, et c’est ce qui arrive souvent dans ces cas-là, c’est qu’en plus des emplois directs, de nombreux autres sont concernés : ceux des gens qui travaillent pour tous les fournisseurs et toutes les filiales de l’entreprise. Ceux qu’on ne soupçonne pas ou dont on sait bien qu’ils existent, mais qu’on a tendance à oublier.

Le football, c’est un peu pareil. (A cela près que ce n’est pas à proprement parler une entreprise qui connaît la crise !) Car le football, ce n’est pas uniquement une poignée de stars du ballon rond : le foot, c’est aussi des supporters, des clubs, des arbitres, des reporters sportifs, les femmes des joueurs, un gros business, etc, etc… Toute une planète, quoi ! La… « planète foot » !

Par sylvestre, le 14 juillet 2014

Notre avis sur PROLONGATIONS #1 – Passion

 
Parce qu’il se joue à autant qu’on veut, parce que n’importe qui peut y jouer presque n’importe où et parce que ses règles de base sont simplissimes, le football est assez logiquement devenu le sport le plus populaire de tous les temps. Dans la rue, les gamins ont ça de commun avec leurs idoles qu’eux aussi tapent dans un ballon et connaissent gloire et victoire les jours de matches remportés. Le foot est un jeu, mais c’est devenu un phénomène de société. Une raison de vivre pour certains. Un juteux business pour d’autres. Une usine à émotions, aussi, à certaines occasions.

Il y a le football des clubs amateurs et il y a celui des stars internationales. Or, si ces dernières existent, c’est bien parce qu’il y a des gens pour les hisser sur leurs piédestaux : les supporters qui payent leurs tickets et leurs cotisations, les clubs qui s’offrent leurs talents, les publicitaires qui se servent de leur image, les reporters qui font du foot leur spécialité et tant d’autres dont le métier s’appuie sur les potentiels qu’offre ce sport.

Le foot est un vaste univers à lui tout seul. Avec cette bande dessinée, l’auteur Robin Walter s’y accroche à son tour et fait le pari d’en parler sans que trop de ses vignettes montrent un terrain de foot ou une action de jeu. Et c’est là une prouesse de l’exercice : c’est qu’en 70 pages, 2 au grand maximum nous projettent dans des gradins pendant un match ! Car tout au long de la BD, c’est plutôt les coulisses qui l’intéressent, c’est plutôt sur les à-côtés qu’il s’attarde. Et pour ce faire, il met en scène différents acteurs. Si pour certains le foot est un sport de bourrins ou d’enfants gâtés, Robin Walter l’intellectualise et nous parle de gens comme vous et moi qui gravitent autour : qui ont leurs vies, qui ont leurs limites, qui ont leurs problèmes, qui connaissent le doute. Aussi riches et célèbres soient-ils.

Il nous présente des arbitres et nous touche mot de la concurrence qui peut exister entre eux. Eux aussi sont de grands sportifs ! On avait tendance à l’oublier jusque là mais désormais, avec toutes les statistiques qui sont calculées lors des matches – et parmi elles la distance (par)courue par les joueurs sur le terrain – on imagine mieux combien un arbitre aussi doit savoir courir !

L’auteur fait aussi vivre dans ses vignettes des supporters, seuls ou membres d’un club. Pour ces derniers, le football est une passion qui prend du temps, qui demande de l’énergie, voire de l’argent. Une passion qui déborde parfois sur la famille, au risque de devenir une source de problèmes…

Robin Walter lève un coin de voile sur la vie privée des joueurs. La pression, les facultés d’adaptation dont ils doivent faire preuve… Leurs femmes sortent de l’ombre, elles sont synonymes comme leurs hommes de star system et de retombées bénéfiques en termes financier ou d’image… Mais aussi de contraintes et de sacrifices…

De quoi nous parle-t-il encore ? De stratégies, sur et hors les terrains… Des interactions entre les coaches et la presse. De fair play et de "pétages de plombs"…

Prolongations porte bien son titre. Cette bande dessinée va au-delà du football en tant que simple sport et les téléspectateurs de ce sport, qu’ils soient assidus ou occasionnels lors de rendez-vous comme la coupe du monde ou la coupe d’Europe, trouveront dans cette réalisation le grand intérêt de voir abordé le sujet de manière vraiment originale et à hauteur de Monsieur Tout-le-Monde.

Cette BD est en outre en couleurs, ce qui ne fut pas le cas de KZ Dora, le précédent titre de Robin Walter ; titre qui abordait un sujet totalement différent et dont on ne pourra pas louper l’apparition page 61 ! Ainsi, l’auteur prouve qu’il peut sortir des lourdes ambiances du passé pour s’attaquer à des sujets contemporains (voire sociétaux) autrement plus légers et différemment cadencés. Seul bémol : on trouvera peut-être que certaines de ses techniques trouvent leurs limites avec la couleur, comme ces ombres qui barrent de noir les visages en nocturne alors que ces ombres auraient pu être portées par des couleurs moins franches, moins binaires, moins "tout ou rien". Sans doute une habitude de dessinateur de noir et blanc difficile à changer !?

Parue en même temps que se jouait la Coupe du monde de football 2014 au Brésil, cette BD Prolongations… joue les prolongations ! Et nous parle de ce sport qu’on connaît si bien ; mais en nous en parlant différemment. Et en nous donnant rendez-vous pour un second tome qui paraîtra en janvier 2015.
 

Par Sylvestre, le 14 juillet 2014

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