Prof. Fall

 
Michel est fasciné par de très hauts immeubles qui se trouvent dans son quartier. Ayant été marqué, le 11 septembre 2001, par les "divers" (en anglais, to dive = plonger), ces gens qui avaient dû se jeter du World Trade Centre en flammes, il est depuis certain qu’un jour il assistera à la défenestration de quelqu’un.

Un jour, lors d’une pause du midi qu’il fait dans un petit restaurant, il est pris à parti par un homme dont il a surpris des bribes de conversation : cet homme, Domingues, ancienne barbouze en Afrique, est aujourd’hui proxénète et il semblerait que quelqu’un veuille le "faire tomber"…

Très peu de temps après, Michel apprend par voie de presse que ce fameux Domingues s’est suicidé… en sautant du treizième étage d’un immeuble ! C’est une coïncidence, mais Michel est persuadé d’avoir une part de responsabilité dans ce drame.

Il se fait donc faire un arrêt de travail pour une dépression (dont il est peut-être finalement bel et bien victime !) car il veut pouvoir prendre le temps d’enquêter… De maigres indices, ses délires et ses intuitions vont lui faire découvrir un inestimable trésor là où il pensait exhumer un cadavre… Loin de lui rendre la vie plus facile, ce trésor l’enfoncera encore plus dans une paranoïa qui va le dévorer petit à petit…
 

Par sylvestre, le 3 décembre 2016

Publicité

Notre avis sur Prof. Fall

 
Prof. Fall est l’adaptation d’un roman de Tristan Perreton, lequel a aidé Ivan Brun à le traduire en images. Sur près de 160 pages, cette bande dessinée nous raconte une histoire dense et torturée mais une histoire qui captive par son originalité, par les différents univers qu’elle entremêle et par la qualité du trait réaliste du dessinateur de Looping, de No comment ou, précédemment, de War songs

Les deux auteurs sont Lyonnais et Prof. Fall commence dans le quartier de la Part-Dieu. Les lecteurs qui connaissent les lieux se retrouveront dans ces décors urbains réels qui aident à entrer de plain pied dans l’histoire aux côtés d’un Michel dont on ne sait pas, et de moins en moins, s’il nous est sympathique ou non et s’il a raison ou pas d’agir comme il le fait. Puis le scénario et les états seconds de Michel le fonctionnaire aspirant enquêteur dépaysent de temps à autres le récit pour nous emmener jusqu’au Mozambique ou jusqu’en Angola au temps ou des guerres civiles les ravageaient. Lors des transitions, la narration se brouille : Michel rêve-t-il de manière prémonitoire ? Michel ressent-il les choses ? Michel vit-il a posteriori les choses que Domigues a vécues ? La frontière est floue entre le présent et le passé, entre la vérité et celle des délires d’un Michel sous antidépresseurs… Le héros accède en effet à la connaissance du passé de Domingues, et c’est sur ce mystère que se basent l’intrigue, la quête, l’enquête…

Facile de perdre les pédales, donc ! On n’a pas pris les mêmes cachetons que Michel, mais comme il est celui par qui on voit les choses… N’empêche que ce "à cheval" sur les deux univers (celui du présent d’un petit fonctionnaire formaté et celui, aventureux et dangereux, du passé d’un malfrat) nous pousse page après page à découvrir la suite, d’autant que même le présent qui devrait être un havre de sécurité comparé aux frasques de Domingues tourne lui aussi à l’extraordinaire en cela que pour les besoins de son enquête, Michel rencontre tour à tour des gens un brin marginaux comme des clochards ou des prostituées.

Sacrée adaptation d’un roman plutôt complexe, Prof. Fall est une lecture intrigante et dérangeante à expérimenter aux éditions Tanibis.
 

Par Sylvestre, le 3 décembre 2016

Publicité