Prisonniers du ciel

Dave Robicheaux est un ancien flic qui a raccroché après qu’il ait découvert que son défunt équipier était un ripoux de la pire espèce. Bouleversé, il a d’abord sombré dans l’alcoolisme avant de trouver sa bouée de sauvetage en la personne d’Annie, qu’il a épousée. Aujourd’hui, ils vivent dans les marais salants de Louisiane, au sud de New Iberia. Leur petite affaire de location de bateaux et de vente d’appâts de pêche suffisent à leur existence tranquille.

Mais la vie de Dave va de nouveau basculer lorsqu’un petit avion de tourisme s’écrase dans le bayou. A son bord, quatre personnes. Dave découvre une seule survivante, une petite fille. Il s’agit visiblement d’une clandestine. Le couple la cache aux Services de l’Immigration qui viennent toutefois enquêter. L’ex-flic apprend alors que les autorités n’ont retrouvé que deux corps dans l’avion. Intrigué, Dave replonge dans l’épave et démarre sa propre enquête. En le faisant, il prend le risque de réveiller le passé, dont le sien, et d’entamer une nouvelle descente aux enfers.

Par legoffe, le 23 avril 2010

Notre avis sur Prisonniers du ciel

James Lee Burke a déjà écrit de nombreux thrillers. Son héros le plus connu est, justement, Dave Robicheaux. La série relatant ses aventures compte déjà 17 romans, le dernier étant paru en 2008. C’est aussi l’année où Bertrand Tavernier a adapté au cinéma un de ces livres, Dans la brume électrique, avec Tommy Lee Jones.

La collection “Rivages/Casterman/Noir” s’attaque donc à une autre légende du polar en confiant à Truong et Le Luhern l’adaptation de Prisonniers du ciel en bande dessinée. Il est d’ailleurs plaisant de retrouver Marcelino Truong, dont les apparitions en BD sont rarissimes. C’est vraiment dommage car il dispose d’un grand talent. Son style est marquant, avec ses traits épais et anguleux. Ses dessins sont puissants grâce au contraste du noir, omniprésent, et d’un choix de couleurs pastel. Cela sied parfaitement à ce roman sombre qui nous emmène dans les coulisses de la mafia locale.

Trafiquants et macs vont être le lot quotidien du flic en retraite qui voit rejaillir son passé et redonner à sa vie la couleur de l’enfer. Difficile néanmoins de savoir où son enquête va nous mener. Quel rapport entre la petite fille et le danger qui plane sur la maison Robicheaux ? Les pistes se croisent et jouent les faux-semblants. Ainsi, il nous faut attendre la fin du livre pour comprendre. Entre-temps, nous aurons été ballottés d’une piste à l’autre, parfois dans une certaine confusion lorsqu’il faut retracer le rôle des uns et des autres.

L’histoire se laisse lire sans déplaisir. On a envie de connaître le fin mot de cette affaire. Pour autant, j’ai un peu regretté que nous ne puissions pas nous approprier un peu plus la psychologie des personnages, et notamment de Robicheaux. L’homme reste insaisissable et nous n’effleurons que la surface de ce héros désabusé. Par ailleurs, après le nouveau drame qu’il traverse, terrible, il semble presque de marbre lorsqu’il reprend sa tenue de flic. On ne peut croire à cette froideur. Sans doute est-ce une façon de se protéger, de se forger une carapace. Mais le livre ne nous en dit rien et c’est dommage.

Ce polar vous offrira donc une lecture plaisante et une occasion de franchir les portes de quelques lieux ténébreux de la Louisiane des années 1980. Un scénario plus clair et une attention plus grande sur la psychologie du héros aurait certainement donné à ce livre une autre dimension, notamment avec ces beaux dessins signés Truong qui, espérons-le, se montrera dorénavant un peu plus dans les librairies.

Par Legoffe, le 23 avril 2010

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