Première neige

Elle était étudiante en histoire de l’art et Henry était lui plutôt dans le commerce international. Après s’être fréquentés, ils se sont mariés. Ils ont très vite emménagé dans une grande maison en pierre, à la campagne, où lui avait passé sa jeunesse.

Très pris par son travail, Henry a trop souvent laissé sa femme seule à la maison. Il se trouve qu’elle s’y ennuyait énormément, et qu’elle avait fini par attendre avec angoisse les hivers très froids qu’aucun chauffage (puisqu’il n’y en avait pas) ne pouvait lui rendre plus doux.

Elle a bien essayé de parler de ce problème à son mari. Elle avait tout le temps très froid, l’hiver. Mais chaque fois, il lui rétorquait qu’il avait longtemps vécu là, que ça n’avait jamais été un problème, qu’il n’y en avait pas besoin. La preuve, c’est qu’elle n’avait jamais attrapé le moindre rhume…

Ne supportant plus cette vie recluse, isolée et sans attention, elle a décidé d’attraper ce rhume qui allait peut-être enfin faire installer le chauffage à son mari…
 

Par sylvestre, le 8 septembre 2009

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Notre avis sur Première neige

L’artiste coréen Byung-jun Byun et le prolifique scénariste Eric Corbeyran se sont rencontrés pour la première fois au festival d’Angoulême en 2006, sur le stand des éditions Kana au catalogue desquelles était sortie, quelques temps avant, la bande dessinée : Cours, Bong-gu ! qui était la première de l’artiste à bénéficier d’une traduction française. De leur association est née cette bande dessinée adaptée d’une nouvelle de Guy de Maupassant : Première neige.

La première chose que remarqueront ceux qui ont déjà lu des manhwas de Byung-jun Byun, c’est ce décalage avec ses autres BD du fait que cette fois, c’est en Europe que se passe l’histoire. La seconde chose sera le ravissement de retrouver son style graphique si particulier, si pointilleux, si nerveux. On imagine bien l’auteur, courbé sur ses planches, portant avec un soin minutieux les innombrables touches de couleurs qui donnent vie à ses dessins tout de millimétriques traits composés. Enfin, on retrouvera ce qu’on avait aimé aussi dans ses œuvres : une mélancolie qui, sous les pinceaux de l’artiste, prend pour l’occasion des couleurs d’automne renforçant les sentiments de tristesse, d’amertume et de froid glacial qu’apportent l’hiver et ses premières neiges…

Première neige est une nouvelle très triste mais n’arrive pas vraiment à plaindre la malheureuse héroïne (malgré elle) puisque jamais, quand on regarde bien, elle ne prend vraiment son destin en main. Si ce n’est une fois, la seule, la dernière… Elle est très peu bavarde, très peu expressive, très peu intéressante, en quelque sorte. Son attitude nous fait, au fil des pages nous engourdir avec elle. Mais n’allez pas lire dans ces mots que la lecture est ennuyeuse. Je dirais au contraire que les auteurs réussissent à nous faire redouter avec "elle" (dont on ne saura jamais le prénom) le froid qui sera son ennemi avant d’être l’outil de sa libération…

Une bien belle et bien triste histoire, adaptée par un expérimenté conteur et portée en images par un maître de peinture contemporain. Un livre dans votre bibliothèque comme un tableau dans un musée.
 

Par Sylvestre, le 8 septembre 2009

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