Préférence système

Dans un futur proche, Yves Mathon vient d’enterrer son père. Il vit avec Emy avec qui il attend un bébé qui est porté par Mikki, leur robot domestique. Il bosse pour une agence chargée de stocker en énormes quantités des données de tout bord. Or, le centre de données est saturé et il faut faire de la place. Pour ce faire, le bureau des juges est chargé de prendre la décision sur ce qui doit être sauvegardé ou détruit et Yves doit exécuter les ordres. Mais un jour, deux détectives androïdes viennent à sa boîte. Ces derniers ont été missionnés pour enquêter sur le fait que quelqu’un récupère des fichiers. Et si ce quelqu’un était Yves ? Ne se mettrait-il pas hors la loi et de fait, ne mettrait-il pas en danger sa vie, celle de sa femme et également celle de son futur enfant ?

Par phibes, le 5 janvier 2020

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Notre avis sur Préférence système

Adepte dans sa première heure de l’animation, Ugo Bienvenu n’en est pas moins artiste du 9ème art. Après son adaptation Sukkwan Island, son roman graphique Paiement accepté et sa petite bd (par son format) Premium +, ce jeune auteur publie via la Maison Denoël son quatrième album en bande dessinée. Cette fois-ci, ce dernier a décidé de nous propulser dans un univers futuriste saturé au niveau du stockage d’informations.

C’est dans une forme pour le moins simple et on ne peut plus efficace que nous suivons cette histoire qui a la particularité d’être à la fois originale mais surtout bien inspirée de la société actuelle. Via deux humains et un robot associé ensuite à un enfant, le récit dresse le portrait d’un futur bien inquiétant où la femme peut concevoir son enfant par procuration, où les enquêtes policières sont confiées à des androïdes, où ceux qui jugent ne semblent pas percevoir la portée de leur décision, où les robots semblent plus humains que les humains eux-mêmes, où toutes les données numériques produites ne peuvent plus être emmagasinées sous peine d’en détruire d’autres plus anciennes.

L’intrigue, générée par l’initiative malheureuse et pourtant bienfaisante de Yves, est réellement captivante. Dans une froideur ambiante, elle se déroule linéairement, nous réservant à certains moments des rebondissements imparables, cruels, jusqu’à nous amener à un final qu’on aurait aimé moins ouvert. Les quelques 160 pages s’avalent sans difficulté presque goulument, preuve qu’Ugo Bienvenu est arrivé à titiller intelligemment notre curiosité et nos émotions.

Sur le plan graphique, l’artiste a opté pour un travail informatique visible. S’inspirant de photographie, il délivre un message volontairement froid via une palette de couleurs vives. Le résultat est vraiment convaincant voire surprenant. Mikki, pourtant réduit à sa simple expression figée, reste le personnage le plus saisissant. On a l’impression de l’entendre réfléchir dans ses moments de silence.

Un ouvrage d’anticipation aux entournures sombres qu’il convient de lire urgemment et évidemment de sauvegarder. Potentiellement, un prix pour le FIBD 2020 (il figure dans la sélection officielle).

Par Phibes, le 5 janvier 2020

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