POUSSIERE DES ANGES (LA)
Blanche neige

En 1937, à New York, alors que c’est la fin de la prohibition, la Mafia règne en maître par le jeu sur la pointe de Manhattan. Mais il suffit de peu de chose pour que les clans qui y sévissent ne se lancent dans des échanges à la 45. Aussi, les compromissions sont de mise, telles celles entre les clans de Madame Queen et de Big B., nullement appréciées par le paranoïaque Dutch Schultz. Anthon’ Poucet fait partie intégrante de ce microcosme délétère et a bien conscience des dangers qui menacent, et son cynique de patron, et sa dulcinée Anne. Le jour où Madame Queen lui propose de changer de camp, Anthon’ voit l’occasion de changer sa destinée. Mais saura-t-il prendre la bonne décision sans porter atteinte à la sécurité d’Anne ?

Par phibes, le 1 juin 2011

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Notre avis sur POUSSIERE DES ANGES (LA) #1 – Blanche neige

C’est reparti pour le jeune Anthon’ qui, après ses premières péripéties d’il y a six ans dans les quartiers malfamés de La Pomme sous l’emprise de la Pieuvre (voir la saga La cuisine du diable), revient parmi nous pour un dyptique, grâce à un duo d’auteurs toujours inspiré et fortement imprégné de la thématique mafieuse.

Cette fois-ci, nous le retrouvons, après une escapade dans le futur des années 45, durant l’année 1937, toujours habité par une amertume latente due aux nombreux drames qu’il a vécus précédemment et bénéficiant, malgré son physique frêle et angélique, d’une audace des plus fortes à gérer les relations conflictuelles. Exit la prohibition, l’enfer du jeu prend le relais. Sur cette nouvelle donne à laquelle le jeune homme se doit de contribuer eu égard à la préservation d’Anne sa dulcinée, de nouveaux personnages interviennent tels les chef de clans, Madame Queen et Butch Schultz et par ce biais, "l’aventure" reprend son cours tortueux et sombre.

Damien Marie semble avoir bien assimilé le parcours tourmenté des représentants de la pègre américaine des années 30/40 (Bugsy Siegel, Lucky Luciano, Dutch Schultz) qu’il reprend et décrit dans les actions les plus torves, dans une fiction qui flirte au plus près de la réalité historique. Fort de cette volonté scénaristique, il nous entraîne évidemment dans les bas-fonds new-yorkais, où se trament, pour un bout de territoire et une parcelle de pouvoir, les pires contrats, les pires alliances, les pires manipulations et les pires règlements de compte pour ensuite déborder sur d’autres destinations. Le ton est toujours subtilement grave, oppressant, noir, destructeur de par la paranoïa, l’insensibilité dont sont habités les protagonistes et qui les rend psychologiquement probant.

Graphiquement, le trait de Karl T. que l’on reconnaît bien, puise toute sa force dans une évocation réaliste, empreinte de dureté et picturalement sombre. Son encrage est épais, appuyé par une palette de couleur à base de sépia donnant ainsi quelques effets anciens non négligeables. Avec sa gueule d’ange, Anthon’ est un personnage tout en contraste, certes plein de sympathie mais aussi très sanguin. A cet égard, le dessinateur l’anime adroitement dans des expressions qui passent habilement par tous les stades.

Une bonne première partie d’un deuxième cycle conforme à la noirceur à laquelle La cuisine du diable nous avait habitué et qui renvoie le jeune Anthon’ au devant d’une destinée tumultueuse liée à la sournoise institution du crime.

 

Par Phibes, le 22 juin 2011

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