Pourquoi les baleines bleues viennent-elles s'échouer sur nos rivages ?

James Whales, écrivain américain, vivote à Paris dans un hôtel avec Rhonda. N’ayant pas touché une plume depuis son dernier succès il y a 15 ans, il se laisse aller entre l’alcool, les soirées et les avaloirs touchés et dépensés depuis longtemps sans avoir écrit une ligne.
Simon Breuil, autre romancier, imbu de lui-même, l’admire. Il n’est pourtant pas mieux inspiré et dépense tout autant les avances que son éditrice et amante lui verse.

Par MARIE, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Pourquoi les baleines bleues viennent-elles s’échouer sur nos rivages ?

Un dessin maîtrisé, des couleurs superbes choisies dans une palette chaude aux tonalités contrastées tels un rouge et un noir, font de ce nouveau livre d’Emmanuel Moynot, un travail remarquable.
Impressionnant de détails, le graphisme met en avant des lieux, des décors pleins de ces souvenirs que la vie nous offre. Les bistrots de Paris, les gares, les rues, les architectures sont posés là, au fil des pages, tels des cartes postales comme « Le Tambour », rue de Montmartre à Paris par exemple. L’ambiance intime invite à la flânerie et on se perd facilement à regarder les cases. Facile à suivre, ce dessin, revenu vers son premier style plus classique (celui qu’il utilise également pour Nestor Burma) est un vrai plaisir de l’œil et heureusement car sinon le propos lui n’est pas à l’humour.

D’un vieux romancier vulgaire et violent ayant perdu l’inspiration depuis 15 ans à un autre pas mieux servi batifolant de femme en femme sans réelle émotion, le récit s’enfonce dans une ambiance glauque révélant des traumatismes profonds et des crimes dont les responsables comme les victimes ne se sont pas relevés. Les femmes sont rabaissées, abîmées, tuées, insultées jusqu’à leur propre mère alors comme pour s’excuser d’avance de les maltraiter, Moynot fait cette dédicace en page des crédits : « Aux femmes qui nous prennent pour ce que nous sommes et que l’on ne prend pas au sérieux ».

Le propos est noir, le fond des hommes est noir, la fin ne relève pas le récit qui laisse peser de tout son poids le terrible constat de la médiocrité du looser parfait, aigri et qui parade comme le font si bien les hommes bien souvent trop sûrs d’eux-mêmes.
Malgré la difficulté de digérer cet album, Moynot a réussi un polar parfait avec ses injustices, son amoralité plutôt à la mode ces dernières années et sa noirceur incomparable. On lui en veut de nous mettre aussi mal à l’aise et on lui dit bravo d’avoir osé raconter un pareil échec.
Cet album est l’anti thèse des clés de la réussite : l’art et la manière de gagner l’accueil d’un public en lui donnant de l’antipathie et du désastre humain à revendre, jusqu’à la couverture mettant la « Tour » en échec.

Encore un peu plus loin dans les retranchements d’un raisonnement à la James Ellroy, romancier américain auteur de polars noirs et dont la mère fut assassinée (!) le ton pessimiste, cet album d’Emmanuel Moynot est dérangeant, mais au fond, n’était-ce pas le but recherché ? Alors bravo, à découvrir pour les amateurs de polars noirs.

Par MARIE, le 19 septembre 2006

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