POUR TOUT L'OR DU MONDE
Impostures

En ce premier trimestre de l’année 1850, Louis Napoléon Bonaparte profite de sa visite à l’école des Mines de Paris pour annoncer son intention d’organiser une loterie nationale. En effet, considérant la découverte de riches gisements d’or en Californie, cette dernière aurait pour but de financer le voyage aux candidats à l’aventure. Toutefois, ces propos, au regard de la situation socioéconomique désastreuse de la République Française, ne convainc pas pour autant l’auditoire dont le jeune Stanislas de Rochebourg, aristocrate d’origine et pro républicain fait partie. A l’issue de la cérémonie, celui-ci fait la connaissance de Thibault Marsan, photographe à L’Illustration, avec lequel il sympathise et qui lui fait connaître Roland, un autre journaliste s’intéressant aux intrigues du pouvoir en place. Malheureusement pour Stanislas, cette rencontre est l’occasion d’attirer le regard inquisiteur de Léjard, un agent de l’ombre à la solde du Préfet qui a pour mission d’étouffer coûte que coûte toute animosité à l’encontre de la haute autorité. La destinée du jeune homme semble prendre une tournure bien délicate qu’il va devoir gérer entre les actions radicales d’un ennemi sournois, la compagnie énigmatique de Fanny, l’amitié fragile de Thibault et les ambitions impériales au plus haut niveau.

 

Par phibes, le 2 mars 2011

Publicité

Toute la BD, que de la BD !

Notre avis sur POUR TOUT L’OR DU MONDE #1 – Impostures

Pour la deuxième fois, Régis Hautière revient chez Quadrants afin de se lancer, après le premier opus de Le Marin, l’actrice et la Croisière jaune, dans une nouvelle série prévue en trois tomes et qui permet au lecteur de faire un bond en arrière de deux bons siècles. Après le raid asiatique Citroën des années 30, c’est donc à l’époque trouble de la deuxième République (1848-1852) que ce dernier nous invite à partager les aventures de ses héros que sont Stanislas, Thibault et Fanny.

Le contexte historique est on ne plus marqué dans ce premier épisode et vient, au gré des premières planches, s’établir via les ambiances d’une France peu resplendissante, marquées par des propos d’un Louis Napoléon Bonaparte peu crédible sur ses intentions et des réactions mitigées de son entourage. Pour une meilleure compréhension de son récit, Régis Hautière étend ici la toile historique et instaure progressivement son intrigue politico-policière.

Meurtres, accointances douteuses, manigances politiques sournoises mettant en balance l’équilibre précaire d’un régime, amourette énigmatique, personnages mystérieux, tous les ingrédients sont ici exploités par un scénariste qui a le don de mêler adroitement fiction et réalité. Ce dernier nous fait partager une équipée classique portée par un aristocrate désargenté qui tient en haute estime la République et qui doit devenir le témoin de son renversement. A cet égard, ce dernier se voit transformé en limier amateur pour tenter de comprendre ce qui se passe autour de lui.

Usant d’un verbe travaillé, Régis Hautière inaugure son triptyque avec générosité, dans une mixité de genres (policier, aventure dramatique et historique) qui vaut pour ses côtés divertissants et didactiques. Le jeu de ses personnages (ouvert pour certains comme ceux de Stanislas, Edmond, Léjard, secret pour ceux de Fanny, Thibault) est digne d’intérêt et incite à voir plus loin ce qu’il en est exactement.

Ayant publié essentiellement pour la jeunesse, Alain Grand s’attaque à une évocation graphique plus adulte. Son travail est en tout point remarquable par son côté semi-réaliste qui campe bien les ambiances historiques du 19ème. Son trait est maîtrisé, habilement représentatif et donne vie à des personnages sympathiquement éloquents.

Une première partie alléchante qui, de ses embruns historico-fictifs, obtiendra un écho des plus favorables des amateurs de récits romanesques traditionnels.

 

Par Phibes, le 2 mars 2011

Publicité