Portrait de l'artiste

 
Michel est graphiste et est décorateur pour la troupe de théâtre amateur de la petite ville de Mont-Redon. Un soir, il se retrouve seul à seul avec la belle Madeleine qu’il aime en secret mais ne parvient pas à la draguer, incapable de s’éloigner du sujet avec lequel ils ont entamé leur conversation. Après coup, Michel va s’en vouloir, va se rejouer la scène et forcément, mais trop tard, trouver ce qu’il aurait dû dire et faire à ce moment-là…

Michel se voit comme un raté. Autour de lui, tous les autres réussissent. Oh, oui, il a bien une femme et deux enfants, mais à y réfléchir, amer, il les considérerait maintenant presque comme des freins à son épanouissement. Et cette Madeleine qui reste inaccessible… Enfin… pour lui !

Grosse déprime, remise en question, avis de tempête sur son couple. Michel n’a que vingt-huit ans, mais il traverse décidément une bien mauvaise passe…
 

Par sylvestre, le 22 juillet 2013

Notre avis sur Portrait de l’artiste

 
Les bandes dessinées de Lauzier ne m’ont jamais attiré quand j’étais plus jeune. Je n’en aimais ni le dessin ni les couleurs, et ne pouvais finalement rien penser des histoires puisque je ne les lisais donc pas ! Le temps a passé, et lorsqu’un jour je suis retombé sur trois albums que j’avais chez moi de cet auteur (on me les avait donnés, je ne serais pas passé à l’achat après le souvenir que j’en avais !), je n’ai pas hésité à redonner leur chance à ces BD…

Je peux donc vous confirmer que de mon point de vue, les oeuvres de Gérard Lauzier sont des réalisations destinées aux adultes. Oh, pas parce qu’elles montrent de la violence ou du sexe, non… Mais parce qu’elles abordent des thèmes et installent des ambiances qui passent à mon avis carrément au-dessus de la tête de ceux qui n’ont pas l’expérience qu’ont, dans ses planches, les personnages de Lauzier.

Dans Portrait de l’artiste, l’ambiance est plutôt morose. Le héros Michel est complexé, il manque de confiance, il se montre jaloux envers d’autres et déprime, se comparant à un chien insignifiant vis-à-vis de ceux qu’il juge supérieurs à lui… Il a des problèmes dans son couple, des problèmes aussi (et peut-être avant tout) dans sa tête. Et cerise sur le gâteau, l’artiste qu’il est ou qu’il voudrait être ne se reconnaît pas de talent. Bref, il a raté sa vie… Voilà un tableau qui, vous en conviendrez, n’a rien pour attirer vers ce genre de lecture les plus jeunes ! Après, je ne dis pas qu’il faut être un looser comme Michel pour apprécier le portrait qui nous en est dressé. Ni même qu’il faut s’identifier à quelqu’un de son entourage et se faire la remarque qu’on connaît soi-même forcément un Michel, que ça serait une clé de compréhension ou d’appréciation… Non, je dis simplement que les situations que Lauzier met en scène, que les mots qu’il met dans la bouche de ses personnages et que les comportements qu’il leur fait adopter sont observés et retranscrits avec une étonnante justesse de regard. C’est tellement vrai, tous ces calculs qu’on fait, toutes ces réflexions qu’on peut avoir, ces attitudes qu’on peut adopter, dans telle ou telle situation ! C’est tellement l’humain, ces faiblesses que Michel montre, ces dérapages qu’il fait, ces trahisons dont il est coupable et ces tentations auxquelles il cède. C’est tellement ça, ces amitiés qui fluctuent en fonction de choses importantes ou pas, ces ressentis dominateurs ou de dominé selon qui est la personne qu’on a face à soi… Et c’est tout ça, cette mise à nu du personnage principal, cette intrusion qu’il nous laisse faire dans sa tête, qui me l’ont rendu si touchant et qui ont fait que j’ai aimé cheminer avec lui.

Attention, vous l’avez compris, Portrait de l’artiste est un titre d’album un peu trompeur en cela que ce n’est pas une autobiographie de l’auteur. Même si on peut penser que dans ses planches, il y ait quelques morceaux de lui ! A noter que c’est la suite de l’album Souvenirs d’un jeune homme. Et que c’est avec une amorce et avec des pages intercalaires format "feuilles dactylographiées de journal intime" qu’il (enfin… Michel) nous livre ses planches, son contenu, son histoire…

Je ne suis plus le jeune lecteur que j’étais. Et j’ai aimé cet album de Lauzier qu’auparavant, je n’aurais même pas eu envie d’ouvrir ! J’ai sans doute mûri… Alors mon message est là : ne vous forcez pas à lire cette bande dessinée, mais le jour où vous vous sentirez prêt, foncez, car vous verrez, vous risquez fort d’être conquis !
 

Par Sylvestre, le 22 juillet 2013

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