Portrait d'un buveur

Guy est un obscur charpentier qui aime s’enivrer et se laisser entraîner dans ses errances en clamant son nom à qui veut l’entendre. C’est un ivrogne de la pire espèce, sans état d’âme, sans morale, sans complexe et un brin lâche sur les bords. Il ment comme il respire, il insulte, mendie, cherche la bagarre, vole et à l’occasion tue sur un coup de tête… Une de ses victimes, coincée entre deux mondes, l’observe en se décomposant, ne comprenant pas vraiment le sens de cette aventure…

Par fredgri, le 13 mars 2019

Notre avis sur Portrait d’un buveur

Aux antipodes de ce qu’on peut avoir eu l’habitude de lire comme récit de pirates, ou simplement des codes de la bande dessinée traditionnelle, cet album met en scène un individu dont on ne connait finalement rien, que l’on suit durant deux périodes.
La première le montre alors qu’il se réveille, à terre, dans un coin de rue, encore bien imprégné d’alcool. Il apostrophe les passants, leur crie son nom, leur demande une pièce qu’il va ensuite dépenser dans une taverne. Il vole une bouteille, continue de s’enivrer en importunant tous ceux qui se présentent à lui, jusqu’à tuer carrément un noble qui lui demande de le laisser tranquille, et que l’on va retrouver au purgatoire, observant Guy alors qu’il se décompose lentement !
Ensuite, nous retrouvons Guy à bord d’une frégate de pirates, officiant comme charpentier. Le bateau se fait arraisonner et notre "héros" rejoint lâchement, ses nouveaux compagnons de route…

Il ne faut pas chercher de morale particulière dans ce récit, ni même de sous-texte, les auteurs dépeignent un personnage détestable, parfait exemple de ce qui se fait de plus bas dans la nature humaine. On n’éprouve aucune empathie pour lui, ni même la moindre sympathie, on reste en retrait tout du long, grâce à un scénario qui n’est à aucun moment immersif.
Et c’est cette distance qui interpelle, ce sentiment de toujours rester en périphérie, de ne pas se rapprocher de ce personnage qui ne parvient pas à nous émouvoir, à nous toucher et que l’on ne comprend pas vraiment. Mais on se rend vite compte que ce portrait qui se dessine devant nous, c’est un peu ce pirate sans terre, qui erre entre deux voyages, dans un monde violent et rude, et qui n’a finalement plus rien d’autre que la satisfaction de ce vide provoqué par les vapeurs éthyliques, cet entre deux états ou l’on peut se perdre, oublier le reste, n’être plus personne…

Un album assez troublant, néanmoins, qui ne laisse pas indifférent au final !

Par FredGri, le 13 mars 2019

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