Les porteurs d'eau

A Maubeuge, à la frontière franco-belge, Jérôme et Florian, deux jeunes espoirs du vélo, se trouvent dans une zone désaffectée. A bord de leur voiture, ils sont dans l’attente d’une livraison de produits dopants. Un véhicule transportant quatre hommes vient à leur rencontre. Alors que la tractation a lieu, une escadre de la douane française leur tombe dessus. Tandis que Jérôme et Florian parviennent à s’enfuir en emportant avec eux marchandise illicite et argent, Jeff, le mafieux, arrive à s’extirper de l’enceinte en entraînant le chien borgne de son patron. S’ensuit une fuite en avant qui va obliger les deux jeunes garçons à traverser la France et réveiller des souvenirs bien douloureux concernant le père de Jérôme, lui-même coureur cycliste professionnel. Poursuivis par les inspecteurs des douanes lyonnaises et également par le sinistre Jeff, plus que jamais décidé à reprendre ce qui lui a été dérobé, les deux porteurs d’eau auront-ils réellement la possibilité de se sortir de ce mauvais pas ?

Par phibes, le 12 septembre 2018

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Notre avis sur Les porteurs d’eau

Très actif en cette année 2018 (on lui doit le 16ème opus de Hauteville House, le 28ème tome de ils ont fait l’Histoire sur Lincoln, le 1er opus de M.O.R.I.A.R.T.Y et également de Les déracinés), Fred Duval trouve le moyen de faire publier son premier roman graphique contemporain, loin des univers de science-fiction et de fantastique dans lesquels il a l’habitude d’évoluer, intitulé Les porteurs d’eau.

Par ce biais, ce dernier nous immerge dans un polar au long cours qui pointe très fortement du doigt les dérives sportives (dopage) auxquelles on a pu être sensibilisé dans les années 90. Lié en particulier au monde du cyclisme, le récit nous entraîne dans une sorte de course-poursuite portée par deux jeunes hommes, Jérôme et Florian, qui ont basculé dans le trafic de produits dopants. Pris en chasse suite à un deal éventé par la douane française d’un côté et par la mafia de l’autre, ils nous engagent dans un tour de France haletant dont les différentes étapes vont être de nature à soulever des souvenirs familiaux pour l’un d’eux.

S’appuyant sur des dialogues qu’il a voulus modernes, Fred Duval gère les péripéties (à dimension humaine) selon un rythme bien soutenu. Associant les différentes tranches de vie vécue par les protagonistes principaux avec une réelle efficacité, le scénariste mène la cavale des deux jeunes à grands renforts de doute quant à sa finalité. Si celle-ci peut s’appréhender sous une certaine forme légère, elle n’en demeure pas moins que la tonalité générale reste grave par rapport à la thématique et verse même dans le dramatique (il n’hésite pas à dénoncer les effets du dopage ou l’omerta qui peut exister dans ce trafic par exemple). Il n’en demeure pas moins qu’on finit par s’attacher aux deux jeunes trafiquants qui, malgré leur action pendable, bénéficient d’une aura presque naïve. A ce titre, on se met dans leur roue et on espère.

L’on concèdera que Nicolas Sure met bien en avant tout le potentiel qu’il a pu acquérir précédemment dans des albums tels que Wadlow, Egon Schiele (série Les grands peintres), Richard Monroe (série Détectives)… A la faveur d’un trait semi-réaliste et épuré juste ce qu’il faut, il livre un message plutôt clair et convaincant. Les décors révèlent une belle recherche et la galerie de portraits qu’il réalise se suffit dans ses expressions.

Un road-movie complet intrépide, fort bien mené, qui ne lâche rien jusqu’à la ligne d’arrivée.

Par Phibes, le 12 septembre 2018

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