PORTE DE L'UNIVERS (LA)
La porte de l'univers

Robert Cognard est en plein désarroi. Comique depuis ses jeunes années et reconnu pour ses gags en tutu désormais dépassés, il se voit aujourd’hui au bout du rouleau compresseur, en totale panne sèche d’idées. Pour lui, rire est un fait mais ça ne doit pas être fait n’importe comment. Toutefois, ce concept ne semble plus d’actualité et ça, ça le révolte. Aussi, jeté par son employeur comme un mouchoir usagé, Robert endosse le costume de Don Quichotte. Il prend le parti d’aller affronter la connerie dans toute sa grandeur et de stopper son écoulement en rajoutant sa pierre à l’édifice qui pourrait l’empêcher de se déverser. Foi de Cognard, ça va taper à tous les étages, ça va saigner, quitte à aller cogner à la porte de l’Univers !

Par phibes, le 5 juin 2022

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Notre avis sur PORTE DE L’UNIVERS (LA) # – La porte de l’univers

Depuis « Combats » paru en 2015, Daniel Goossens, ancien Grand Prix d’Angoulême de 1997, a fait de petites apparitions dans plusieurs collectifs comme Les cœurs simples. Aujourd’hui (2022), c’est son grand retour avec un album qui, une fois encore, vient confirmer l’immense talent de cet artiste à jouer tout en finesse la carte de l’absurde.

C’est ainsi qu’il nous invite, sous ce concept qu’il maîtrise, à découvrir un personnage révolté, Robert Cognard. Humoriste qui a fait son temps et en totale déconnexion avec l’humour moderne, ce dernier n’a pas fini de nous interpeller sur sa vision des choses, une vision évidemment en rupture avec les canons comiques d’aujourd’hui. Par ce biais, nous assistons à son combat personnel contre la connerie ambiante et sa tentative désespérée de colmater la brèche qui existe dans le mur qui retient la bêtise humaine.

Il ne fait aucun doute que Daniel Goossens déverse au fil des chapitres que contient cet album une abondance de réflexions sur les plus grands mystères de la vie et de l’au-delà qui mélangent vraiment très subtilement le décalé avec le non décalé. L’humour carillonne fortement à toutes les pages, porté par un Robert Cognard qui, dans toute forme de situations (même jusqu’au divin !), fait fi du raisonnable et ne tarit pas de loquacité conceptuelle, d’effets linguistiques très surprenants.

Cette cocasserie intellectuelle ambiante est confortée par un trait artistique ô combien confondant. Nourri aux hormones délirantes, le dessin de Daniel Goossens repose sur des effets semi-réalistes qui trahissent une sacrée virtuosité picturale. Mettant en avant des trognes (surchargées) on ne peut plus expressives dont certaines très inspirées des 7ème et 9ème art (trop nombreuses pour être citées), il nous offre un délire visuel incisif qui force le respect et qui bien sûr suscite de bonnes tranches de rigolade. Le tout est aussi relevé par une belle débauche de couleurs qui sert complètement le message graphique.

Un excellent album acidifiant qui nous ouvre la porte sur un univers humoristico-cérébral particulièrement subjuguant auquel nombre d’artistes des 7ème et 9ème art ont adhéré. Pourquoi pas nous ?

Par Phibes, le 5 juin 2022

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