PORTE AU CIEL (LA)
Première partie

Surnommées les japonaises pour leurs frasques, Manu, Julie et Anna sont trois adolescentes qui, par dépits familiaux, ont décidé de fuguer. Aux termes d’une cavale sans histoire, elles se réfugient dans l’ancienne maison forestière du grand-père à Manu non loin de Courdemanche. Là, cette dernière leur montre au fond d’une cave une colonne de pierre qui, selon certaines croyances, permet de communiquer avec les morts. Appelée la "porte au ciel", elle parvient à fasciner les trois fugueuses. Par ailleurs, celles-ci ont tôt fait de faire la connaissance de leurs voisins qui se révèlent bien originaux.

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur PORTE AU CIEL (LA) #1 – Première partie

Je dois avouer que j’attendais avec impatience la sortie de cet album pour avoir feuilleté les premières pages en previews sur le site de l’Editeur Dupuis. En effet, suivant avec intérêt le travail de Makyo dont le dernier ouvrage historico-fantastique "Je suis Cathare" paru chez Delcourt m’avait charmé, j’ai abordé la version papier de "La porte au ciel" dans une fébrilité non dissimulée. Enchanteur serait le premier terme que j’emploierai à la lecture de cet opus aux ambiances pourtant dramatiques.

Pour la deuxième fois, le scénariste s’associe avec Eugenio Sicomoro après "Lumière froide" pour réaliser cette histoire saisissante d’un trio de jeunes adolescentes qui fuient les vicissitudes de leurs vies familiales. Si le thème est grave, le ton est cependant enjoué, proche de la puérilité, pour coller à l’innocence de ces jeunes femmes désorientées. Bien que le geste soit condamnable, on se plait à suivre leurs péripéties au cœur d’une région reculée, sauvage et empreinte de légende celtique. C’est à la fois simple, beau et naturel que l’on en oublierait leurs conditions précaires et le danger que peut susciter une telle situation.

Makyo joue donc à fond sur les sentiments, éveille des émotions en jouant subtilement sur le caractère de ses personnages atypiques et appesantit son récit en développant une grande part de mystère. La porte au ciel, véritable catalyseur de l’intrigue, n’a certainement pas fini de nous étonner et de nous inquiéter. On subodore certaines pistes au regard des éléments divulgués mais l’inconstance du dénouement est totale.

La prestation graphique de Sicomoro est formidable et d’une rare qualité. Le réalisme de ses dessins reflétant le style de l’école italienne est scotchant de vérité. Les mimiques de ses personnages sont un incontestable exemple de spontanéité, transcendant le côté naturel de ceux-ci par des reliefs travaillés avec un soin particulier. Dans leur rendu à la fois doux et lumineux, la couleur directe associée à un crayonné délicat attire sans nul doute le regard et porte vers le haut l’ensemble de l’ouvrage. On ne pourra qu’apprécier les magnifiques décors finement travaillés, regorgeant de multiples détails, véritables instantanés d’une ruralité profonde et d’une fraîcheur extraordinaire.

Voilà un bel ouvrage que je ne peux que conseiller ardemment et qui saura vous transporter … jusqu’au ciel, pourquoi pas !

Par Phibes, le 2 avril 2008

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