Port Nawak

C’est la fin du monde dans 15 jours, une météorite viendra péter à la gueule de la Terre. M. Issicol l’apprend en lisant son dossier confidentiel, que son supérieur lui a remis en mains propres. Sa mission ? Faire la tournée des patelins pour apprendre la mauvaise nouvelle aux gens, mais de façon positive, de sorte à ne pas créer d’émeute. Pour y parvenir, il a carte blanche et a même le devoir de s’improviser Gourou s’il fallait prendre le contrôle d’une population paniquée. Sa première destination : Port Nawak. Complètement déboussolé par le but même de sa mission, Issicol arrive tant bien que mal devant le panneau de Port Nawak. Mais à peine est-il arrivé qu’un urluberlu en voiture lui accroche sa valise et fait s’envoler les documents top secret. Fiasco total. Avant toute chose, Issicol va donc devoir récupérer l’ensemble de ses papiers dans la rue et auprès des habitants qui s’en sont bien évidemment emparés.

Par Placido, le 5 août 2013

Publicité

Notre avis sur Port Nawak

Parfait écho au chef d’œuvre de Nicolas Dumontheuil Qui a tué l’idiot ?, Port Nawak est aussi de ce genre de BD qui ne laisse pas de marbre, caractérisée par une drôlerie, une absurdité et une folie parfois dérangeante. Le concept de base : annoncer la fin du monde sans créer de panique, faire en sorte que les gens se préparent à mourir dans la dignité et la bonne humeur. Et il fallait bien un chauve à moustache, looser avéré et puceau, pour mener à bien cette mission, normal.

L’une des grandes réussites de cette BD, c’est l’immersion dans le village de Port Nawak. Issicol y débarque sans rien connaître des lieux et, de la même manière que s’il débarquait dans un pays étranger aux antipodes du sien : il hallucine. A Port Nawak, les gens sont tous cinglés. Hippies, prostituées, promoteurs immobiliers… Tous sont devenus fous de manières différentes et pour différentes raisons, mais cette folie est entretenue dans cette communauté, coupée du monde car elle n’intéresse plus personne depuis bien longtemps. En partant à la recherche de ses documents top secrets, Issicol va douloureusement découvrir petit à petit les habitants en proie à leurs délires, tel un cauchemard permanent, comme s’il était en plein bad trip hallucinogène. Il cherchera du sens, au début, il se battra et hurlera "STOP !" pour ramener un semblant de cohérence et de réalité autour de lui, mais en vain. Ils sont irrécupérables. L’ambiance est alors terriblement bien rendue, rendant la lecture suintante et enivrante. Véritable point d’orgue, le final, atteignant des sommets de ridicule et d’absurdité, est merveilleux.

Initialement parue chez Vents d’Ouest en 1999, Les Rêveurs ont eu la bonne idée de rééditer cette BD importante, en faisant les choses bien (changement de format, passage du noir et blanc à la quadricouleur, nouvel éclairage, quelques planches redécoupées, une fin légèrement étendue…).

Par Placido, le 5 août 2013

Publicité