POKER FACE
Bad beat

 

De retour de Corse, Yan Duarte est revenu en la cité des Mourons, pour y vider l’appartement de son père décédé récemment par suicide. Rien ne présageait son geste puisque peu de temps auparavant, le défunt, joueur invétéré pourtant apprécié par son entourage, l’avait interpellé par message téléphonique interposé et l’avait invité à se voir. A peine a-t-il rendu les derniers hommages que Yan, perplexe sur la réalité des évènements, se voit remettre une forte somme d’argent par erreur qui l’amène, après la menaçante visite de la police, à retrouver l’ancienne copine de son père, Lydia, croupière dans une salle de jeux glauque, le Crystal. Celle-ci lui propose de le retrouver après son travail. Malheureusement, à l’heure du rendez-vous, cette dernière est assassinée. Commence alors pour le pauvre Yan une descente aux enfers terrible, à l’image d’une partie de poker où à tout moment, se coucher veut dire tout simplement perdre la vie.

 

Par phibes, le 1 mai 2011

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Notre avis sur POKER FACE #1 – Bad beat

Quand on parle de l’enfer du jeu, on pense indéniablement à l’addiction auxquelles certaines personnes peuvent être assujetties. Car si la passion est là, la fièvre peut à tout moment prendre le pas sur le raisonnable pour transformer le quidam en un monstrueux flambeur. Fort de ce concept attristant, Jean-Louis Fonteneau revient dans le paysage éditorial (Brüssli, Les Enquêtes de l’inspecteur Bayard…) accompagné de son frère Julien, pour lancer sa nouvelle saga policière Poker Face.

Le ton est donné dès la première planche, dans laquelle le "suicide" d’un joueur de cartes est explicitement dévoilé. Par ce fait tragique qui demande, il est vrai, quelques explications, s’emballe la machine infernale via l’intervention du personnage principal, Yan Duarte/Rossi, le fils du suicidé, qui, de par ses pérégrinations involontaires, va flirter avec le cercle brûlant du jeu et des flambeurs notoires.

Ce premier opus pose brutalement le sujet et nous entraîne dans une sorte de quête torride de la vérité sur le décès d’un joueur. Ce début d’aventures se nourrit d’une intrigue ciselée, de dialogues étudiés et d’ingrédients subtilement employés pour maintenir une oppression constante. Le fameux Yan dont la personnalité nous est révélée peu à peu, se voit entrer dans une partie dangereuse, entre menaces policières et folie meurtrière de flambeurs impénitents. La descente infernale est bien menée, plonge dans le morbide, et nous fait toucher du doigt un microcosme aux ambiances pour le moins maléfiques, d’où il est difficile de s’extirper.

Le travail à quatre mains réalisé par Erik Arnoux (Les aigles décapitées, Sophaletta…) et Chrys Millien (L’aventurier des étoiles…) est des plus remarquables pour son côté réaliste. Le style graphique qui reste d’un abord assez classique appuie adroitement le récit et campe à merveille les ambiances torrides de ce thriller. Couleurs et traits se conjuguent dans une puissance évocatrice bien sympathique, entre personnages et décors proportionnellement représentés.

Un très bon premier épisode qui campe bien l’atmosphère chauffée à blanc du jeu et qui met en évidence les tribulations oppressantes d’un personnage dont on attend avec impatience le retour qui devrait annoncer revanche et révélation.

 

Par Phibes, le 22 mai 2011

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