Les Pizzlys

Nathan est au bord du burn-out. Il travaille comme un forcené en tant que taxi Uber. Pourtant, il peine à joindre les deux bouts car il s’occupe de son frère et sa soeur depuis la disparition de ses parents. Il doit, entre autre, finir de payer le crédit du logement familial.

Sa vie va prendre un virage inattendu le jour où il emmène une vieille dame, Annie, à l’aéroport. Elle lui explique qu’elle retourne vivre dans son Alaska natal après 40 ans de vie à Paris.

C’est justement un virage manqué qui va envoyer la voiture dans le décor. Nathan n’a plus ni outil de travail, ni perspective. Le surmenage a pris le dessus. Annie, qui a manqué son avion et dormi chez Nathan, lui propose de l’emmener, avec sa soeur et son frère, dans sa cabane du grand nord afin de faire un long break.

Contre toute attente, Nathan accepte.

Par legoffe, le 1 octobre 2022

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Notre avis sur Les Pizzlys

L’aurore boréale qui illustre l’album attire l’oeil comme un aimant. Une fois que l’on a pris le temps de faire glisser ses doigts sur la couverture, à la matière très douce, on ouvre le livre pour prendre une nouvelle claque visuelle.

Jérémie Moreau a choisi des traits extrêmement sobres, des visages simplifiés, aux yeux et aux bouches au noir béant. Cela contraste avec des couleurs détonnantes, souvent fluos. L’auteur alterne les découpages des planches avec une incroyable diversité. Il n’hésite pas à offrir des dessins en pleine page de temps à autre, à réaliser des cases rectangulaires, rondes, ovales… Certaines, lorsque Nathan se perd dans son esprit, ressemblent à un kaléidoscope des années 80.

Artistiquement, ce livre est un ovni. Mais n’allez-pas croire que Jérémie Moreau a tout misé sur l’expérience visuelle. Même si c’est déjà marquant de ce point de vue, je puis vous assurer que l’histoire est magnifique. Elle n’a rien, d’ailleurs, d’un délire narratif, comme on aurait pu l’imaginer en voyant les pages ou le « résumé ».
Il s’agit d’une récit qui parlera à chacun. D’une part parce qu’il met en scène des gens auxquels on peut s’identifier. D’autre part, le livre évoque les affres de la société moderne, notre dépendance de l’électronique, l’isolement social et, surtout, la question de l’écologie et du réchauffement climatique.

Nous suivons ainsi, pas à pas, ces jeunes qui découvrent un monde à des années lumières du leur. Un retour à la nature difficile, mais tentant. Si ce n’est que la mamie va, elle aussi, prendre une claque en découvrant comment son pays a changé en quarante ans, du fait des transformations du climat. Le titre du livre, par exemple, évoque le croisement entre un grizzly et un ours polaire, cet animal étant contraint de rejoindre la terre et des contrées qu’il ne fréquentait guère avant la fonte des glaces.

L’aventure est racontée avec brio. On ne lâche pas d’une semelle nos compères et les quelques rares autres habitants du village. Ils partagent leurs joies, leurs doutes, avec une humanité qui fait mouche à chaque page. Le tout dans un décor apaisant, où le rythme n’a plus rien à voir avec notre société où tout va très vite et où le superflu est devenu indispensable.

Une chose est sûre, ce livre, lui, n’a rien de superflu et il est bel et bien indispensable ! C’est une hymne à la nature revigorante, qui nous permet de nous évader tout en nous invitant à nous poser des questions.

Par Legoffe, le 1 octobre 2022

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