LES PIEDS NICKELES
Promoteurs du paradis

Après avoir payé une fois de plus leurs dettes vis-à-vis de la société, les Pieds Nickelés sortent de prison avec la ferme intention cette fois-ci de faire amende honorable. Mais la voie de la rédemption se veut des plus ardues au point qu’après plusieurs tentatives infructueuses de réinsertion dans le droit chemin, les trois larrons n’ont d’autres solutions que de faire appel à leurs véritables aptitudes. Et déjà, un plan est monté, celui, comme on peut s’en douter pour ce genre de roublards, consistant à aller au devant de la gente aisée pour lui soutirer, malhonnêtement s’entend, ses grosses réserves pécuniaires…

 

Par phibes, le 1 juin 2011

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Notre avis sur PIEDS NICKELES (LES) #1 – Promoteurs du paradis

Depuis que la triplette infernale représentée par Croquignol, Filochard et Ribouldingue dit Les Pieds Nickelés, créée par Louis Forton au tout début des années 1900, est tombée dans le Domaine Public, après avoir fêté dignement ses 100 ans d’aventures, celle-ci se voit condamnée (dans le bon sens du terme) à poursuivre ses pérégrinations certes malfaisantes mais ô combien sympathiques grâce à l’initiative de nombres d’auteurs et d’éditeurs. Aussi, après l’avoir vue déambuler dans les coursives de la maison Delcourt (La nouvelle bande des Pieds Nickelés – 2 tomes réalisés par Trap et Oiry) et s’être prêtée au jeu collectif et multi genre de l’Association Onapratut (Les nouveaux Pieds Nickelés), la voici mise en exergue par l’éditeur Vents d’Ouest dans une formule pleine de promesses.

C’est Philippe Riche (L’association des cas particuliers…) qui se colle à l’exercice, un exercice qui se veut en totale osmose avec le concept premier de la saga. Bien que l’aventure commence par une tentative d’assagissement des trois arnaqueurs, l’on retrouve rapidement les fameux protagonistes dans le domaine qu’ils affectionnent tout particulièrement, à savoir le détroussement en règle des gros légumes, le tout servi dans des ambiances débridées.

Promoteurs du paradis est un concentré de magouilles de bas étages perpétrées par des personnages sans scrupule, associées à la complaisance d’une caste de nantis qui n’attendent que d’être dépouillés. Le ton employé est actuel, plus audacieux et moderne par l’usage de dialogues nature et emplis de jovialité communicative. Le trio qui n’est certainement pas un modèle d’honnêteté nous régale de ses tergiversations, de sa façon de se jouer de la crédulité exacerbée des gens, d’"embleuir" avec sa pugnacité légendaire son entourage bigarré richissime (vieux, jeunes, milliardaires, célébrités) dans des tours pendables, risibles.

Graphiquement, l’effigie des Pieds Nickelés a, par rapport à celle réalisée par Pellos pendant près de 40 ans, pris un coup de jeune. Malgré tout, on reconnaît très facilement les personnages par leurs signes distinctifs (physique marqué, long nez, bandeau sur l’œil et barbe fournie) prouvant ainsi que Philippe Riche a souhaité garder un lien avec la vision d’antan. C’est surtout dans le découpage que le dessinateur dévoile sa touche personnelle. Plus moderne, plus originale, plus énergique, la gestion des vignettes enserrées dans un cadrage blanc est excellente par le fait qu’elle met en évidence le dessin superbement colorisé. Les décors sont également remarquablement exécutés, dans un style semi-réaliste très plaisant et d’une justesse suffisante pour appuyer les déambulations perfides et enjouées de la triplette.

Une première aventure alléchante qui a le don d’actualiser les aventures d’un trio qui est promis, grâce à la créativité d’auteurs tels que Philippe Riche, à traverser les âges.

 

Par Phibes, le 7 juin 2011

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