Un piano

Monsieur Henry, pianiste romantique, fait partie d’une troupe de saltimbanques qui rejoint le nouveau monde pour une série de représentations. Son talent étant vivement apprécié, il n’est pas rare qu’il reçoive quelques propositions de travail à bord du paquebot qui le transporte. Mais la grande guerre a stoppé son ascension si bien qu’il devient professeur de musique en Belgique. Au lendemain de la seconde guerre, Louis, son fils, suit chaque jeudi l’enseignement de son père en apprenant à jouer du piano jusqu’au jour où ce dernier décède, laissant comme héritage le fameux instrument à cordes. Plus tard, Louis, qui est devenu étudiant aux beaux-arts, fait par l’intermédiaire d’Hilda, son modèle, la connaissance du jazzman Bud Powell. Bien des années après, Louis vient à New York afin d’exposer ses œuvres à la galerie Soho et en profite pour rencontrer Edward Henry, un lointain parent.

 

Par phibes, le 13 juin 2010

Publicité

Notre avis sur Un piano

Avec Un piano, Louis Joos, auteur atypique bruxellois qui signe son retour chez Futuropolis depuis les années 80, dresse une autobiographie à la fois sensible et rapide. En effet, se faisant fort d’évoquer certains passages essentiels de la vie de pianiste de son père et se remémorant des bribes de sa propre vie d’artiste peintre fervent de musique, il s’engage dans un récit volontairement sobre en privilégiant des situations muettes ou avec peu de dialogues.

Pour ce faire, l’auteur a pris pour parti de séquencer chronologiquement son récit en cinq parties, chacune liées à un fait et une époque particulière, et dont le fil conducteur est le piano ou l’aura métaphorique (en loup) du père à Louis. Par ce biais, on découvre ce dans quoi l’auteur a baigné depuis sa tendre enfance et qui a marqué sa réceptivité artistique. On y découvre ainsi que cette dernière lui a été inculquée en partie par son ascendant qui a su, le moment venu, lui transmettre son savoir avec délicatesse.

Si le devoir de mémoire de son père qu’il a peu connu est nécessaire, Louis Joos ne tombe pas pour autant dans l’apitoiement. Certes l’émotion est présente mais elle semble être portée par les nombreuses mélodies (classique, jazz) qui traversent l’album. La plus forte est assurément celle qui se dégage de la rencontre avec Bud Powell, l’illustre pianiste de jazz, dont un chapitre lui est dédié.

Au niveau du dessin, Louis Joos utilise un trait nerveux, épais, intentionnellement imprécis mais suffisamment explicite pour évoquer sa touchante biographie. Usant encre noire et fusain à grand renfort, préférant pour les arrière-plans un léger crayonné, il parvient à donner vie à son univers hors norme, très stylé, dans des ambiances qui mettent à l’honneur la couleur sombre.

Un bien bel album autobiographique à lire sur fonds de mélopées de jazz à la Bud Powell ou à la John Coltrane.

 

Par Phibes, le 13 juin 2010

Publicité