Les petites distances

Max est un jeune trentenaire si discret qu’il en devient invisible. Sa copine ne sait plus qu’il existe alors qu’ils sont en couple depuis quatre ans, ses collègues de travail l’ignorent, sa psy oublie sa présence et, sitôt installé en colocation, son colocataire remet le logement… en location. Dans le même immeuble, il rencontre Léonie, une jeune femme pour laquelle les rapports humains sont compliqués, ses nuits peuplés de créatures cauchemardesques. Il va emménager chez elle… sans qu’elle ne s’en aperçoive.

Par geoffrey, le 13 décembre 2021

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Notre avis sur Les petites distances

Avez-vous déjà fait l’expérience d’être bousculé par quelqu’un qui ne s’en rend pas compte ou de donner une réponse que personne n’entend ? Etre ignoré est une épreuve. Imaginez maintenant ce que vit Max que personne ne remarque, comme s’il vivait sur un plan parallèle à notre réalité, comme s’il était effacé, comme s’il n’était qu’un quasi-fantôme.

A l’épouvante du début succède une certaine lassitude pour ne pas dire résignation. Sa rencontre avec Léonie va changer la donne. Il va user de son nouveau pouvoir pour mieux connaître la jeune femme, ses attentes, ses désirs, pour mieux entrer dans l’intimité d’autres couples, des autres habitants de l’immeuble.

L’histoire de Max n’est pas neuve. Difficile d’ailleurs de ne pas penser à l’excellent "Neverwhere" de Neil Gaiman quand un potentiel colocataire visite la chambre sans le voir. Il y aurait aussi du "Et si c’était vrai" de Marc Lévy dedans. On aurait pu évoquer des films de fantômes, mais Max n’est décédé. Au contraire, il se bat pour exister.

Véro Cazot réussit pourtant à s’affranchir de ces références et à mener son lecteur sur la voie qu’elle a définie. En 152 planches, la scénariste plonge dans la psychologie de cet homme invisible et dans l’existence de Léo, jeune femme à la sensibilité fantasque, "hantée" elle aussi à sa façon, dont il partage l’appartement. Entre difficulté d’être soi, d’affronter ses obsessions et de rechercher un partenaire, cette comédie douce-amère navigue aux portes du fantastique, mâtinée de sexe (véritable ode au plaisir féminin) et de "feel good".

Sous les traits et les couleurs vives des crayons de Camille Benyamina, les corps et les ambiances prennent vie, chatoient et palpitent. La mise en page s’anime elle aussi. Et le lecteur, pris dans une intrigue savamment distillée, ne peut plus lâcher la bande dessinée avant son dénouement.

Par Geoffrey, le 13 décembre 2021

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