Petite mort en un acte

A l’aube du deuxième conflit mondial, la famille Buckenham apprend par la bouche du chef de famille, Arnold, qu’elle est ruinée. C’est à ce moment précis que lui rend visite, en son manoir, le richissime oncle d’Afrique du Sud, Homère Bandigton, porteur d’une nouvelle qui se veut excellente. Craignant que cette fameuse information les dépossède de leur héritage, les Buckenham assassinent ledit oncle et se préparent à dissimuler son cadavre. C’est alors que se présente, sous le couvert de l’identité d’un décorateur, un mystérieux personnage qui se révèle être le roi d’Angleterre Georges VI lui-même venu assister à une réunion secrète, à laquelle participe également le vice-président américain Truman. Ensemble, ils vont statuer sur le sort d’un scientifique dont l’invention menace la sécurité mondiale. Mais considérant les nombreux coups de théâtre, vont-ils réellement bénéficier de la quiétude légendaire des lieux ?
 

Par phibes, le 12 octobre 2009

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Notre avis sur Petite mort en un acte

S’il est des albums dans lesquels les rebondissements sont répartis chichement, ce one-shot, a contrario, a l’avantage (et ce n’est pas Sénèque qui me contredira) de les enchaîner à une vitesse vertigineuse, à la manière d’une pièce de théâtre aux entournures vaudevillesques. Assurément, l’association au scénario entre Didier Convard et Eric Adam, est des plus bénéfiques puisqu’elle est à l’origine de cet album extraordinairement mouvementé et plein de surprises.

C’est donc dans une ambiance très british que se déroulent les péripéties au cours desquelles une mort est annoncée, celle d’un personnage qui n’aura pas droit au chapitre si ce n’est d’être assassiné et d’être baladé dans tous les coins et recoins d’un vaste manoir.

Les auteurs nous entraînent dans un tourbillon de fantaisie poussée à l’extrême. Les évènements s’imbriquent les uns dans les autres sans espoir de dénouements instantanés. L’imposante demeure des Buckenham part en vrille à l’image de ses habitants qui essuient la banqueroute et qui se trouvent à participer à une réunion secrète en présence des plus hauts dignitaires anglo/américain et d’un espion nazi, le tout grevé par l’apparition fantomatique de l’oncle d’Afrique.

Les personnages sont d’un charisme extraordinaire. Entre vénalité aristocratique, bolchevisme, amour idéal extrême et alcoolisme au dernier degré, ces derniers semblent soumis, dans un temps réduit (un acte) à un tsunami de faits aussi rocambolesques que décalés. On rie généreusement de cet enchevêtrement de faits qui servent ou desservent les protagonistes et on se délectera sur la façon dont les auteurs solderont leur équipée théâtrale en retombant habilement sur leurs pattes.

En cet album, le coloriste averti Paul se lance dans le dessin qu’il organise très sympathiquement. Tout en colorisation directe, utilisant une palette assez vive, il s’amuse à recréer l’ambiance huppée des familles aristocratiques anglaises. L’apparence de ses personnages est soignée, très agréable voire doucereuse.

Avec "Petite mort en un acte", assistez à une représentation originale et théâtralement endiablée où tout peut arriver à la condition d’être anglais et de partager bon nombre de passions… mortelles.
 

Par Phibes, le 12 octobre 2009

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