Petite frappe

Jon est encore au lycée, il joue au foot, mais n’a pas de très bonnes notes. Il flashe un peu sur la batteuse du groupe de sa sœur, aime bien flirter avec une copine. En contre partie il aime la provoc’ n’aime pas trop l’autorité et s’imagine plus malin et plus fort que les autres… Cette assurance lui permet certes d’avancer sans trop se poser de question, malgré tout, elle peut lui amener d’une part des ennuis et d’autres part justement l’empêcher de voir ce qui peut être important pour lui…

Par fredgri, le 27 mars 2014

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2 avis sur Petite frappe

Jon, c’est un peu le genre d’ado grande gueule qui ne sait pas la fermer, qui provoque, qui se croit au dessus de tout et de tous. Il a une famille aimante, mais en contre partie prend un peu à la légère ses études et les à côtés de son entraînement "Ça ne sert à rien", "c’est pas important" !!!! On a donc ici l’archétype de l’ado en rupture, qui se rebelle, joyeux fumiste qui laisse tout de même entrevoir quelques failles dans cette carapace qu’il se plait à se construire.

D’ailleurs, le scénario semble quelque peu ambiguë. Quel est le véritable propos derrière ce portrait ? Parce que ce Jon, en fin de compte, on commence à s’y attacher, malgré ce comportement agaçant la plupart du temps. C’est juste une tête à claque, rien de bien méchant, il dragouille sur Facebook, se laisse intimider par une paire de seins, essaye de singer la posture des stars du foot ou de la chanson, préfère le côté maternaliste de sa mère au dépend des leçons de son père qui souhaiterait qu’il soit plus sérieux, moins dilettante. Ce gamin on l’a déjà tous croisé, peut-être même nous ressemble-t il aussi… Et quand il commence à parler de ses visions de lynx, quand on apprend qu’il souffre de somnambulisme la façade se fissure légèrement.
Sous des dehors de récit particulièrement linéaire et premier degrés, le scénario nous réserve néanmoins quelques incursions vers une seconde lecture légèrement plus cryptique.

Car après tout, qu’est ce que signifie ce lynx ? Le côté sauvage de Jon ? Cet aspect de sa nature vers laquelle il se laisse parfois glisser, qui le surprend lui même ? Et ce pote qui le suit partout, avec qui il se sent bien, qui ne semble lui apparaitre qu’à lui, ne représente-t il pas cette soupape nécessaire, importante que Jon garde, comme le souvenir d’un ami imaginaire en qui on a confiance, d’un repère pour se ressourcer ?
Comme on peut le voir, il y a des pistes vers une autre lecture, plus profonde, ou Jon nous apparait davantage comme un ado qui se découvre au travers des limites qu’il a du mal à respecter. Il se regarde, son image se mêle avec le fantasme qu’il se fait de lui même, il appréhende son corps, c’est un sportif qui doit absolument prendre soin de lui, puis il y a cette puberté qui pointe le bout du nez, les filles…

Jon est avant tout un garçon comme un autre.

La lecture de cet album est d’une très grande fluidité, surtout grâce au dessin de Mardon qui livre ici une copie assez minimaliste, mais réellement très agréable à l’œil, d’autant qu’elle est complètement au service du récit, très efficace.

Un album assez modeste en fin de compte, avec une fin quelque peu abrupte, tout de même (je me suis même demandé si j’avais toutes les planches, c’est dire !!!), qui mériterait que quelques éléments soient un chouilla plus développés (comme cette vision du lynx, par exemple), mais qui nous plonge dans les rouages de l’adolescence, avec ce qu’il faut d’ingratitudes, mais aussi de vérités sur l’affirmation de soi.

Par FredGri, le 27 mars 2014

Ce one-shot de quelques 150 pages qui signe la rencontre de François Bégaudeau (Mâle occidental contemporain paru en 2013) et Grégory Mardon (L’extravagante comédie du quotidien, Sarah Cole…) sous le couvert de la maison Delcourt, dans sa collection Mirages, est l’occasion de nous présenter une histoire mettant en scène un personnage à découvrir.

Le moins que l’on puisse dire est que ledit personnage, Jonathan, adolescent de 16 ans, possède tout ce qu’il faut pour irriter. Alors qu’il a toutes ses chances pour faire carrière dans le football, il grille ce potentiel latent au profit d’une arrogance avérée, d’un sens critique outrancier, d’une forme d’asociabilité crispante. A ce jeu, François Bégaudeau ne tarit pas les situations qui explicitent le profil psychologique tourmenté de son petit voyou dans des comportements sans aucune valeur affective. Du terrain de foot à la salle de répétition musicale, Jonathan excelle dans cet art individualiste et le traduit grâce à des répliques savamment dosées, cinglantes à souhait.

En fait, au travers de cette histoire, le scénariste semble mettre en exergue la crise que nombres d’adolescents, touchés physiologiquement, traversent avec plus ou moins de difficultés. Grâce à Jonathan et à son créateur, on en découvre certaines références comme entre autres, le refus catégorique de suivre le chemin qui a été tracé par autrui, le rejet caractérisé de l’autorité parentale, la recherche du conflit en société, l’interdiction de s’investir dans une relation affective durable, qui se voient contrebalancé par une certaine quête d’équilibre via l’envie d’un autre idéal (la musique) et l’appuie sur d’autres personnages imaginés (Guylain le géant silencieux, le lynx…). Au fil des pages, François Bégaudeau suscite donc un autre regard de cet esprit rebelle, faisant même monter des volutes d’une rédemption qui seront malheureusement trop rapidement circonscrites.

La partie graphique apporte beaucoup de fraîcheur au récit. Grégory Mardon nous sert ici un dessin rapide, assez épuré et suffisamment efficace pour illustrer le trouble de Jonathan. Le mouvement est maîtrisé et génère une hyperactivité qui n’est pas pour déplaire dans la lecture de ses vignettes.

Une histoire intégrale sur les tergiversations adolescentes d’une petite frappe qui ne sont pas sans laisser un certain message, fomenté bien sympathiquement par deux artistes qui se complètent bien.

Par Phibes, le 26 mai 2014

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