La petite fille et la cigarette

 
Dans la prison où il doit être exécuté par injection létale, Désiré Johnson s’est vu refuser de pouvoir fumer sa toute dernière cigarette. Ce refus, motivé par une loi allant à l’encontre des droits des condamnés à mort, va permettre à Maren Pataki, une commis d’office, de montrer au monde entier ses talents d’avocat que personne jusqu’à présent n’avait voulu lui reconnaître.

L’exposition médiatique de "Maîtresse Pataki" dans l’affaire Désiré Johnson lui apportera sur un plateau une autre affaire liée elle aussi au tabac. Elle devra en effet défendre un homme qui a fumé en cachette dans les toilettes de son lieu de travail et qui, par un malheureux hasard, s’est retrouvé pantalon baissé devant une petite fille dont la mère a vite fait de crier au crime contre l’enfance : un des trois motifs de condamnation à mort au pays de l’eurollar…
 

Par sylvestre, le 24 novembre 2016

Publicité

Notre avis sur La petite fille et la cigarette

 
Avec un titre comme celui-là, pas étonnant que l’auteur ait choisi de faire ressembler sa couverture à un paquet de clopes ! Sans oublier dessus un de ces fameux "placards" au liseré noir dans lesquels on lit ces phrases choc sensées dissuader ceux qui voudraient (se mettre à) fumer, sauf que là, c’est le titre de la BD qu’on y lit : La petite fille et la cigarette !

Ce titre vous dit quelque chose ? Il sonne un peu comme La petite fille aux allumettes, c’est vrai. Mais c’est aussi et surtout l’adaptation par Sylvain-Moizie du roman du même titre par Benoît Duteurtre. Sur près de 250 planches en couleurs, l’histoire nous emmène dans un pays ressemblant étrangement à la France, mais une France qui se serait un brin américanisé, pour le meilleur… comme pour le pire ! Pour le pire, plutôt, à commencer par le fait que la peine de mort y a été rétabli, ou que des émissions de téléréalité existent dont le fond de commerce est plus que discutable !

Plusieurs personnages principaux se distinguent, mais si certains comme Désiré Johnson ou Benoît sont indéniablement des personnages clé, l’avocate Maren Pataki s’impose également pour être en lien avec la quasi totalité des situations auxquelles il nous est donné d’assister.

L’humour n’est pas en reste dans cette BD, mais c’est un humour grinçant qui va de pair avec la critique qui est faite de la société dans laquelle les personnages évoluent : une société où des décisions absurdes régissent la vie des gens, menant parfois à des issues effarantes comme la libération de criminels ou au contraire comme la condamnation d’innocents à qui peu de chances sont laissées de pouvoir se défendre ; aussi talentueux ou "en vue" que soit leur avocat ! L’humour existe aussi dans les détails : vous sourcillerez par exemple au nom du chien de Benoît, ou vous prendrez le temps de lire les brèves qui "scrollent" au bas des écrans de télé !

Le dessin de Sylvain-Moizie, dans un style entre dessin de presse et semi-réalisme, est toujours aussi "spontané" et ses couleurs sont encore, dans La petite fille et la cigarette, parfois assez spéciales (des peaux bleues, des fonds jaunes…) Ça n’empêche pas d’accrocher à son adaptation dans laquelle on décèlera en outre ses apports personnels, ne serait-ce que ces bulles en forme des fameux messages d’avertissement déjà évoqués plus haut, qu’on n’a forcément pas pu "voir" dans le roman.

Une longue lecture, une histoire pleine de surprises à découvrir les unes après les autres… Comme nos poumons, le tabac inspire ! Profitons-en avec cette bande dessinée parue aux éditions La Boîte à Bulles !
 
 

Par Sylvestre, le 24 novembre 2016

Publicité