PETER PAN
Londres

A Londres, cette vieille capitale grise, froide et misérable de la fin du 19ème siècle, un pauvre gosse, Peter, raconte chaque jour des histoires à ses copains de l’orphelinat. Il partage avec eux un don précieux : Il sait rêver et raconter des histoires tout comme Mr Kendall qui lui a tant appris.
Cette imagination extraordinaire l’aide à traverser une enfance malheureuse avec une mère alcoolique et méchante, avec un père inconnu, avec le froid, la pauvreté, la violence de la rue. Il rêve, Peter, il rêve ! Il rêve tant qu’un jour, une étoile filante vient se cacher contre lui. Alors il écarquille les yeux et il voit une très jolie petite fée potelée qui semble l’inviter à la suivre.
Sans attendre, Peter, l’enfant rêveur s’envole ! Il survole Londres et suit sa jolie fée, qu’il a appelée clochette, vers une destination inconnue.

Par MARIE, le 1 janvier 2001

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2 avis sur PETER PAN #1 – Londres

Les esprits chagrins diront qu’il est facile de faire du neuf avec du vieux. Soit. Personnellement, je me suis toujours demandé qui était Peter Pan. Un enfant comme tous les autres qui est resté au pays imaginaire ? Mais d’autres orphelins (les enfants perdus) y vivent aussi, et seul Peter possédait de tels pouvoirs, comme voler. Pour moi, il était au-dessus du lot.

Mais pourquoi ? Qui est réellement Peter Pan ?

Loisel nous propose de le découvrir.
Peter Pan version Loisel, c’est « Hook » avant l’heure et pour tout dire à l’envers : Loisel a pris le parti, non pas de nous raconter ce qui aurait pu se passer si Peter avait suivi Wendy, mais plutôt quelle est son origine.
C’est là tout son mérite et son originalité : Inventer une suite où Peter rejoindrait le monde de Wendy découle d’une certaine évidence, et je dirais que chacun peut se l’imaginer. Et alors quel drame ! Peter, si exceptionnel, si rayonnant, si hors-norme, vivre dans notre monde si matériel ? Quelle horreur !

Loisel a élaboré un scénario très fouillé, nous révélant les origines de Peter (qui, au passage ne s’appelle pas encore Pan). Enfin, dans ce premier tome, le lecteur en est encore à se poser bien des questions, mais on apprend quand même certaines choses.
A mon goût, partir sur cette voie réclamait une grande imagination (ça tombe bien, c’est le thème principal de l’histoire) et en même temps une grande attention pour rendre cette genèse crédible, afin de coller avec le Peter Pan que l’on connaît.

Dans ce tome, Loisel s’en acquitte fort bien. Le personnage de Peter est très bien travaillé, et bien qu’on devine par moment, dans ses attitudes, qu’il deviendra le Peter Pan de notre enfance, je l’ai trouvé très différent de celui que j’avais découvert dans le dessin animé.
Car c’est là un autre très bon point positif de ce récit passionnant : loin du lyrisme et de la poésie de l’histoire classique, Loisel fait de Peter un petit garçon dans le Londres post-révolution industrielle. Un Londres sordide, cruel, rempli de gens désabusés qui ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes. Et Peter n’échappe pas à la règle : il a quelque côté très voyou et polisson, voire dur, comme le monde qui l’entoure. Il est assez vantard, parfois même égoïste.

Mais Loisel laisse déjà poindre quelques caractéristique du "futur" Peter : son dégoût du monde des adultes, et surtout l’imaginaire !
Peter a des rêves, comme tous les enfants de son âge, mais surtout, il s’en sert comme une énergie motrice pour ne pas sombrer. C’est sa force : Peter vit comme les autres dans un monde d’adultes, froid et insensible, la vie est aussi cruelle avec lui qu’avec les autres (par exemple, sa mère alcoolique qui le bat), mais il refuse que ce monde l’étouffe et le dévore.
C’est cela, à mes yeux, qui le rend supérieur aux autres et si attachant, cette capacité à rêver et à vivre son rêve intérieurement.

En plus de Peter, Loisel nous fait découvrir également le Pays Imaginaire avant la venue de celui-ci. J’ai particulièrement aimé ce passage, car j’avais tendance (peut-être comme d’autres) à penser que Peter était le Pays Imaginaire. Mais comme tout Monde Imaginaire, celui-ci existe dès l’instant qu’on y croit et en même temps depuis toujours…

Côté dessins, c’est du Loisel tout craché.
Personnellement, j’adore, c’est typiquement ce que j’appelle du dessin de BD : un style personnel, suffisamment réel pour se fondre dans l’histoire mais aussi suffisamment fantaisiste pour laisser vaquer son imagination (je place ce style en totale opposition avec le genre XIII ou Largo Winch, que j’adore par ailleurs).
Les couleurs participent beaucoup à cette impression d’être réellement dans un monde imaginaire, toutes en teintes feutrées, pastelles. Magnifique !

Alors, comme Peter, laissez-vous emporter par Clochette vers le Pays Imaginaire pour des aventures cocasses, tendres et cruelles, entouré de Mouche, Crochet, les pirates et toutes les créatures fantastiques.
Et alors, rendez-vous dans le tome 2 pour la suite…

Par PATATRAK, le 15 mars 2003

J’ose, je n’ose pas… allez, j’ose ! Peter Pan… encore ! Et bien non, cette fois, c’est une bande dessinée et puis c’est Régis Loisel ! Tout ça veut dire que l’ensemble est une oeuvre totalement originale. Qui plus est une oeuvre inventive car elle va raconter comment Peter est devenu Peter Pan ! Evidement, on retrouve les repères connus d’après les ambiances de Dickens, de Barrie, de Walt Disney, mais Loisel invente une vraie histoire !

Pour le premier tome, l’auteur, qui fait tout, met toute l’histoire en place et nous présente les personnages avec son trait très expressif et très personnel. Ainsi, les rondeurs de la fée clochette et des sirènes sont déjà là, la bouille à la Gavroche du petit héros est très attachante, le capitaine Crochet et le méchant crocodile sont criants de vérité… bref tout ce beau monde est en place, le spectacle va commencer !

Inutile de préciser qu’il est indispensable de lire cette bd et les tomes qui vont suivre. L’imaginaire de Loisel est très fort et il raconte avec virulence ce qu’il croit être la genèse du mythe, ce qui donne parfois des scènes très violentes qu’il n’est pas conseillé de lire aux jeunes enfants (une maman qui bat et insulte son fils pour une bouteille n’est pas une image rassurante, ni celles où Peter est confronté à la violence ou à l’humiliation sexuelle).

Cette série est magistrale, l’auteur l’est aussi : laissez- vous tenter, c’est magique !

Par MARIE, le 15 mars 2003

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