PERROQUET DES BATIGNOLLES (LE)
L'énigmatique Monsieur Schmutz

Preneur de son à Radio-France, Oscar Moulinet se voit intrigué par la disparition de la cantatrice Christina Vogelgesang qui, la veille, avait été l’invitée d’une émission radiophonique. De même, il se voit des plus contrariés par la tentative d’agression perpétrée par un individu masqué sur sa petite amie, Edith Lamantin, présentatrice de la météo marine. Le jeune homme découvre rapidement que le lien entre les deux affaires est un petit canard à musique que chaque victime possédait. De même, lors d’une consultation d’un quotidien, Oscar s’aperçoit sur une photo qu’un sommelier réputé, Paul Rivoire, détient également une boîte à musique du même acabit et se décide à lui rendre visite. Mais lorsqu’il atteint la demeure du personnage, il apprend que ce dernier a été assassiné. Pourquoi une telle focalisation meurtrière sur les propriétaires de boîte à musique en forme de canard ? Oscar semble avoir trouvé un début de réponse en découvrant dans chaque boîte qu’il a pu récupérer un morceau de bande magnétique sur laquelle est inscrit une partie de message qui serait lié à un mystérieux faussaire répondant au nom d’Emil Schmutz.

 

Par phibes, le 1 juin 2011

Notre avis sur PERROQUET DES BATIGNOLLES (LE) #1 – L’énigmatique Monsieur Schmutz

Premier d’une série qui se déclinera en cinq tomes, Le perroquet des Batignolles est avant tout un feuilleton radiophonique écrit à la base par Michel Boujut (malheureusement décédé le mois dernier) et Jacques Tardi. Diffusée sur les ondes de France Inter dans les années 1997 et 1998, cette équipée hertzienne se voit par l’entremise de Stanislas Barthélémy transformée en une évocation palpable, sonnante et trébuchante.

Ce premier tome est comme il se doit la présentation de la thématique qui prend dès les premières planches une orientation policière assez classique. Mais là, pas d’enquêteur officiel tel un inspecteur de police mais un employé de la Maison de la Radio, Oscar Moulinet, preneur de son de sa profession. C’est donc à ce dernier qu’échoit (sans y être invité !) la délicate tâche de conduire le lecteur dans les méandres de la sinistre affaire qui s’annonce, à la fois à rebondissements et mystérieuse.

Stanislas Barthélémy aborde ici une adaptation bien sympathique, certes un tant soit peu verbeuse au regard des phylactères "surgonflés" qu’il met en exergue dans chaque vignette. A l’évidence, cela ne peut que traduire une certaine volonté de rester fidèle à l’ambiance verbale de l’émission d’origine qui se décomposait en feuilletons quotidiens de 10 minutes non stop. Mais aussi, cette bavardise a l’avantage de donner à l’aventure de la matière (première et secondaire) que le lecteur, qui voit là l’occasion d’assister à de réels échanges, pourra assimiler plus aisément. Fort de ce concept, l’histoire, qui n’en est qu’à ses débuts, est bien menée, dans ses allures policières conventionnelles et dans ses clins d’œil multiples au 7ème comme au 9ème art. Oscar Moulinet démêle petit à petit l’écheveau de l’intrigue pour notre grand plaisir, grâce à sa détermination surprenante et son habilité digne d’un journaliste averti. Les rencontres sont multiples, auréolées d’un air musical ancien (L’entrecôte des Frères Jacques) et suscitent suspicions et mystères intergénérationnel, sur plusieurs époques tournant autour de l’énigmatique Schmutz.

Graphiquement, Stanislas Barthélémy affiche formellement ses inspirations. La ligne claire est son domaine de prédilection avec une grosse pincée de l’univers d’Hergé et une petite touche de Jacques Tardi. Son personnage en est la preuve flagrante tant il ressemble avec sa houppette à Tintin. Aussi, lorsqu’on aborde son aventure, on a l’impression que deux époques se télescopent, d’un côté des décors récents et de l’autre, des personnages qui exhalent une aura des années 50/60. Ce mix n’est pas en soi dérangeant mais suscite, il est vrai, un certain étonnement. Toutefois, son travail reste généreux. Son trait est assez classique, épuré, suffisamment représentatif et révèle une énergie agréablement palpable.

Un premier opus classique et bien remarquable qui pourra certainement être apprécié par les adeptes de la ligne claire et également par ceux qui ont eu l’avantage de suivre le fameux feuilleton à la radio.

 

Par Phibes, le 19 juin 2011

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