La Perdida

Carla, jeune Américaine vivant avec sa mère, décide de partir au Mexique afin d’y retrouver son père.
Hébergée chez son ex-petit ami, la tension s’installe rapidement entre les deux jeunes gens.
Malgré cela, la jeune fille trouve un boulot et décide de ne pas rentrer comme il était prévu. A la recherche d’un idéal qui ne semble pas être au rendez-vous, Carla, toutefois retrouve son frère, vivant séparé d’elle ainsi que l’esprit de famille qui lui manquait.

Malheureusement, petit à petit, ses nouveaux amis l’entraînent vers un mode de vie qui n’a plus rien d’un rêve.
Carla finira-t-elle par comprendre ses erreurs ? Que lui est-il arrivé ? Qu’est devenu son rêve ?

Par MARIE, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur La Perdida

Jessica Abel, auteure complète de cette intégrale (elle en est la scénariste et la dessinatrice), est traduite en France grâce à l’œil averti de Guy Delcourt. Plutôt clairvoyant dans ses choix éditoriaux d’œuvres transatlantiques, il a encore déniché la qualité. La Perdida était éditée par Fantagraphics et publiée en 5 tomes souples, trouvables d’ailleurs en version originale dans une librairie spécialisée en comics à Paris, ce qui m’avait permis de la découvrir pour la première fois.

Nous attendions donc une éventuelle traduction en français sans trop y croire et pourtant c’est chose faite, d’autant bien faite d’ailleurs que l’éditeur a choisi de sortir les 5 fascicules en version intégrale, dans un format assez compact, confortable et superbement relié.
Le livre est habillé d’une très belle jaquette dont l’illustration reprend celle du tome 1 de l’édition originale.
Les quelques 260 pages assorties d’un « lexique » donnant des repères historiques, géographiques ou sociaux, se lisent d’un trait et absorbent le lecteur européen, le projetant dans l’éternel voyage initiatique dont rêvent tous les jeunes de 20 ans ou presque.

Le dessin très expressif de l’auteure à l’encrage un peu épais, un peu gras fait penser aux œuvres d’autres américains traduits tels que Craig Thomson mais aussi à un auteur français de très grand talent, Blutch, qui l’aurait inspiré avec une histoire parue dans ‘Mitchum n°1′ (Editions Cornélius) lors de l’écriture de ‘Trazo de Tina » (œuvre non traduite en français). Plutôt bien rendu, son dessin allie le mouvement et son contraire. On passe ainsi assez facilement, d’une lecture rapide poursuivant les traces des personnages à une lecture lente et posée, nous obligeant de constater que l’héroïne, finalement idiote, se laisse vivre sans se prendre vraiment en main et se perd dans l’inutile. Et c’est comme ça que la vie d’une jeune fille bascule à son désavantage, par bêtise, qu’elle aimerait refaire le film et réparer ses erreurs mais voilà, cette situation utopique n’est pas réalisable. Chacun interprètera le comportement de l’héroïne comme bon lui semble selon ses expériences propres.

Cette aventure humaine racontée par Jessica Abel vaut le coup d’être lue sans pourtant, être indispensable. Le côté « décor mexicain » apporte toutefois un plus sur le mode de vie des autochtones avec quelques indices sur la culture ou la gent militaire ou policière et, sans être un document non plus, cet album montre la différence entre les américains et les mexicains dont on sait pour ces derniers qu’ils immigrent clandestinement en masse – il est bien évident que la misère mexicaine est un drame qu’il faut connaître – et que pour combattre ce phénomène, Georges Bush a signé cette année 2006 la loi autorisant la construction d’une barrière de 1126 kilomètres le long de la frontière entre les deux états.

Jessica Abel ne pouvait pas parler de ce sujet dans La Perdida car son voyage au Mexique date d’avant cette loi mais on imagine sans mal qu’elle l’aurait fait après avoir fait rechercher ses racines par « Carla » dans ce pays.

Les pauvres, les riches, la violence, la drogue, les parents, la famille, l’avenir, le métier… tous ces thèmes sont abordés grâce au voyage initiatique du personnage principal avec plus ou moins d’insistance. A noter également que ce récit n’est pas autobiographique comme on le lit parfois, mais qu’il s’agit bien d’une fiction.

Jessica Abel, jeune Américaine née à Chicago est un nom à suivre dans le milieu de la bande dessinée.
Au final, ce pavé est plein de qualités et la réflexion qu’il suscite est aussi passionnante que le récit lui même.

Par MARIE, le 13 novembre 2006

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