Peau d'Homme

Bianca est une ravissante jeune fille de l’aristocratie italienne. L’heure est à son mariage et cela ne l’enchante guère. Elle aimerait, en effet, choisir son mari, mais c’est chose impossible dans cette société conservatrice où la femme n’a pas vraiment voix au chapitre.

Aussi, Bianca aspirerait-elle à, au moins, mieux connaitre son futur époux. Mais, là encore, les présentations sont particulièrement courtes et la promise en est particulièrement frustrée.

Sa marraine, voyant sa tristesse, l’invite dans sa demeure et lui dévoile le contenu d’un mystérieux coffre, qui se transmet dans la famille, de mères en filles, depuis des générations. Il s’agit d’une « peau d’homme ». En enfilant ce costume magique, celle qui le porte prend vraiment l’apparence d’un beau jeune homme.

Voilà pour Bianca l’occasion rêvée de voyager incognito dans le monde des hommes, de mieux connaitre son fiancé… et découvrir de nouveaux horizons !

Par legoffe, le 19 février 2020

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Notre avis sur Peau d’Homme

Je m’apprêtais à lire « Peau d’Homme » lorsque j’ai appris le décès d’Hubert, qui en signait le scénario. Cela m’a fait un choc. Outre le fait que nous perdons là un grand nom de la bande dessinée, nous voyons aussi partir un homme bien trop tôt. 49 ans…

Encore jeune, mais déjà doté d’une bibliographie très riche, avec des titres qui ont marqué le public comme la critique. Beaucoup vous citeront « Beauté ». Pour ma part, mes préférés resteront surtout « Miss Pas Touche » et l’excellent « Ma vie posthume ».

Posthume… Le mot tombe ici comme un couperet. La lecture du dernier ouvrage d’Hubert, dont j’ai la chance d’avoir eu un exemplaire d’avant-première (l’album ne sortira qu’en avril), génère un sentiment étrange.

L’auteur, dans son avant-propos, explique que ce livre est le fruit d’une réaction après les « Manifs pour tous » de 2012 qu’il avait ressenti « comme une agression violente ». Il avait commencé à écrire un album « autobiographique en forme de règlement de compte : moi, ma vie et le catholicisme » avant, finalement, de juger qu’il faisait fausse route, trop guidé par la colère. Lui était alors venu l’idée de « Peau d’Homme », plus en phase avec sa philosophie et sa veine créatrice.

Hubert reprend, ici, la forme du conte, qu’il a déjà explorée par le passé. Si son histoire a pour décor une autre époque c’est pour mieux dénoncer les dérives ou les intolérances de notre société moderne. Il dépeint, ainsi, la façon dont l’Italie de la Renaissance abaissait les femmes ou maltraitait les homosexuels, le tout sous l’influence de la religion.

L’auteur nous rappelle que, finalement, tout n’a pas totalement évolué malgré les nombreux siècles écoulés depuis. Et il dénonce toute cela d’une façon particulièrement originale. Voici une femme qui va revêtir un corps d’homme, lui permettant de mieux appréhender les rouages de la société et, in fine, voir croître un désir d’émancipation.

Comme toujours Hubert ne s’interdit rien. Il aborde tous les sujets sans tabous ; et il n’a guère à tirer le trait, les situations décrites (exception la peau d’homme bien sûr !) étant tout à fait réalistes.

Le scénariste ne se limite pas à dénoncer. Il fait aussi de ce livre un joli ode à l’amour et à la liberté.

Les messages sont aussi beaux que limpides et appellent notre monde à plus de tolérance. Et ils passent d’autant mieux qu’ils sont mis en image par Zanzim, dont on reconnait immédiatement le coup de crayon. Son style épuré, ses personnages expressifs, son univers presque cartoonesque mais qui sait puiser dans des références iconographiques anciennes… autant d’atouts pour mettre en valeur cette fable écrite pour les plus grands.

Une très bonne lecture, donc, même si l’on referme le livre avec un certain pincement au coeur. Quelle tristesse de savoir qu’Hubert ne nous offrira plus ses histoires captivantes. Il savait écrire des récits riches de messages et de pensées, mais sans jamais se départir d’un certain humour, d’une réelle fantaisie. Autant de qualités qui faisaient de ses albums de vraies distractions… sans jamais se départir d’une réflexion de fond. Chapeau l’artiste !

Par Legoffe, le 19 février 2020

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