Le pays des cerisiers

10 ans après Hiroshima, Mlle Hirano, survivante après l’explosion nucléaire vit dans le souvenir permanent du drame, des images et dans l’incompréhension du geste. Elle qui pourrait reprendre goût à la vie, elle qui est courtisée par Mr Luchikoshi, n’arrive pas à oublier. Dès que le bonheur s’approche, les fantômes ressurgissent.

« Tout se serait bien passé si j’avais pu oublier » !

Par MARIE, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Le pays des cerisiers

Comment survivre après un choc tel que celui d’Hiroshima ? Comment retrouver l’envie, créer une famille, tomber amoureux, simplement sourire ? Il est extrêmement difficile de surmonter un désastre tel que celui-ci et c’est de ce traumatisme profond que Fumiyo Kouno a choisit de parler. Cette voie n’est pas la plus simple car il est encore de nombreuses barrières psychologiques empêchant de concevoir le bonheur, la joie de vivre après avoir vécu des drames insoutenables. Quelle indécence se disent certains ! En effet, savoir faire le deuil des gens qu’on aime ou des modes de vie passés n’est pas simple et paraît encore tabou d’autant plus que les victimes, elles-mêmes, ont honte de leur « vécu ».

Comme le disent souvent les artistes : « Show must go on », alors la vie après la guerre, la reconstruction de tout et de tous, apparaît comme une nécessité vitale. Mais elle est tellement dure à atteindre, cette vie nouvelle, reconstruite artificiellement que rares sont ceux qui y parviennent ; le drame est donc interminable et le « Pays des cerisiers » aborde ce thème avec lenteur et pudeur. L’auteure dessine le présent sans pourtant occulter les souvenirs bien présents mais moins visibles, imprimés en gris pour laisser la place au futur. Alors que reste t-il après la bombe H ? Des larmes toxiques ? Des souvenirs acides ?
Oui, mais il reste aussi cette lueur qui brille au fond des yeux de tout un chacun, particule vivante de l’univers, symbole d’espoir que la force revienne et donne l’impulsion, comme ces cerisiers qui refleurissent chaque année, plus grands, plus forts, plus beaux encore .
Ainsi les pétales blancs de ces cerisiers qui virevoltent « dans le vent de la mi-journée » de l’auteure pourraient bien un jour recouvrir les cendres grises de la terre brûlée.

Un peu différent du magistral « Gen d’Hiroshima » de Nakazawa, chef d’œuvre faisant office de docu patrimonial s’il en fallait, ce manga traite du sujet sous un autre angle, celui de l’après où il est impérieux de légitimer le passé pour pouvoir tourner la page et s’autoriser à vivre malgré la bombe.

Le discours est lourd et contraste avec le dessin minimaliste, au style infantile peu significatif au premier regard. Le point fort du manga est donc davantage le récit et la narration plutôt que le dessin. L’écriture est fluide et sans cesse ponctuée de symboles et d’images remplaçant les mots trop directs peut-être. Il vous faudra faire un effort pour tenter d’en saisir totalement le sens. A découvrir.

Par MARIE, le 7 mai 2006

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