Patria

2011. L’ETA, l’organisation basque indépendantiste, dépose les armes. Cette armistice bouleverse le destin de cette Espagne qui est divisée par la haine et le nationalisme.
Deux familles ont été touchées par cette période de terrorisme. Bittori et Miren etaient amies, aujourd’hui, elles ne le sont plus. L’une est la femme d’une victime de l’ETA, l’autre est la mère d’un terroriste.
Bittori revient dans son village pour se recueillir sur la tombe de Txato, son mari, entrepreneur tué par l’organisation basque pour avoir refusé de payer  l’impot révolutionnaire. Elle veut connaitre la vérité sur la mort de son époux et savoir qui a appuyé sur la détente. Il se pourrait que cela soit Joxe Mari, le fils de Miren, qui a été vu au village le jour de la mort de Txato. Aujourd’hui, Joxe Mari est enfermé en prison…

Par berthold, le 10 mars 2021

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Notre avis sur Patria

Patria est un roman de Fernando Aramburu, paru en Esapgne en 2016. Le livre est vite devenu un best-seller, traduit en France en 2018 chez Acte Sud. En 2020, ce récit a été adapté en série télévisée, ça a été à nouveau un beau succès. Et voici la version en bande dessinée par Tony Fejzula Zecevic, artiste connu des lecteurs français avec Central Zero, mais aussi des lecteurs de comics, avec Lobster Johnson, Veil ou Dead Inside. Fejzula a aussi adapté Le Rouge et le Noir de Stendhal, pour Glenat. Il etait un choix judicieux pour cette adaptation de Patria chez Ankama.

Adapter le roman de Fernando Aramburu n’est pas, à priori, quelque chose de réalisable, si vous connaissez bien le livre. L’écriture d’Aramburu est assez particulière. La mise en scène du roman est tout aussi assez complexe. La série TV a réussi à faire passer cette façon de voyager entre le passé et le présent. Qu’en est il de la BD ?
C’est une libre adaptation, mais pourtant, Fejzula réussit le pari de faire aussi bien que le roman. Il garde la structure originale. Certes, par moments, il donne quelques éléments pour nous situer dans le temps, mais il n’y en a pas trop besoin finalement. Le lecteur s’y retrouve facilement.
Il utilise aussi une "voix off" pour montrer les pensées des personnages principaux. Et pour les distinguer, il y aura un code couleur, pracisé dans un marque page accompagnant l’album.
L’intrigue, même si vous la connaissez, nous captive d’un bout à l’autre. Fejzula propose une relecture originale et géniale qui nous permet de voir différement cette histoire. Comme dans le roman, on ne prend parti pour aucune des deux familles, mais on est touché par le drame que chacun vit de son côté. La famille touchée par le deuil et l’autre perdu du fait de l’appartenance du fils à l’ETA en prison. On suit surtout Bittori et Miren, deux épouses, deux mères, deux amies qui aujourd’hui ne le sont plus. Le deuil est très bien décrit aussi, la mise au ban de la société aussi, comme le conflit basque.

Fejzula fait un beau travail d’adaptation, mais il nous offre aussi un magnifique travail artistique. Le rythme est là, les personnages sont expressifs et émouvants. Les couleurs apportent beaucoup à la beauté des pages, mais jouent un rôle important dans la compréhension du récit. Les décors, les vues d’ensemble des paysages du Guipuzcoa, par exemple, sont superbes et font bien sentir la splendeur de ce pays, tout comme sa rudesse.

Cette très belle adaptation est une totale réussite. Un roman graphique magnifique qui permet à ceux qui ne connaissent pas Patria de découvrir cette œuvre étonnante.
Une lecture que je ne peux que vous recommander.

 

Par BERTHOLD, le 10 mars 2021

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