Patience

2012, Jack Barlow aime Patience et ils attendent pour bientôt un évènement heureux. Cependant l’argent vient à manquer, ils ne savent pas très bien comment ils vont s’en sortir. Un soir, en rentrant de son boulot ingrat, Jack découvre Patience, assassinée, dans le salon.
2029, toujours hanté par cette "disparition" qui lui a tout enlevé et par la recherche du coupable, Jack suit un de ses multiple suspects, il découvre qu’il a inventé une machine à remonter le temps… Au premier essai, il revient en 2006, il n’a pas encore rencontré Patience, il l’observe au fil de ses déconvenues amoureuses, il cherche le meurtrier potentiel…

Par fredgri, le 1 novembre 2016

Publicité

Notre avis sur Patience

Cet album signe donc le grand retour de Daniel Clowes qui livre ici une très habile histoire d’amour matinée de SF.
C’est "habile", car, grâce à un procédé de voyage dans le temps, l’artiste décortique le passé de ses protagonistes, creuse les bases de ce qu’ils sont devenus et aborde la fameuse question "Et si je pouvais revenir en arrière et tout changer…", c’est intéressant, même si finalement assez convenu dans le fond. Toutefois, la démarche de Clowes ne s’arrête pas au procédé, il explore les regrets passés, les sources de ce que ses personnages sont et s’interroge sur l’implacable déroulement du destin. J’aurais néanmoins tendance à trouver que les personnages manquent de charisme, sauf peut-être Patience elle même dont la présence survole tout l’album. Mais c’est dommage en ce qui concerne Jack lui même. Après tout, l’histoire tient entièrement sur sa passion pour sa compagne disparue, quand bien même il reste nonchalant tout du long, transformant ainsi cette quête en obsession aveugle et froide !

Malgré tout, cette existence désillusionnée, en perpétuelle recherche d’un véritable sens, est complètement en phase avec le récit lui même. Jack n’a qu’un but, tenter de réparer ce qui s’est passé et combler cette vie sur laquelle pèse un vide abyssal !
On le comprend très vite, on est bel et bien dans l’archétype Clowesien. Un héros métaphysique qui s’interroge sur son devenir, en décalage complet avec le monde qui l’entoure. Mais Clowes a aussi tendance à s’éparpiller, on peut parfois s’y perdre, voir même oublier le but de ce voyage. De plus, je trouve aussi qu’il ne pousse pas assez loin son procédé temporel qui se borne, la plupard du temps, à juste observer et vaguement tenter de résoudre un détail !
On a envie parfois de secouer Jack, de lui dire de mener une vraie vie, mais c’est oublier aussi la cohérence de l’histoire et vers ou Clowes veut nous emmener !

Un album qui se dévore d’une traite.
Très conseillé, évidemment !

Par FredGri, le 1 novembre 2016

Publicité