Passage Afghan

Côté pile, Ted Rall narre en BD son incursion en tant que journaliste en Afghanistan, peu après le déclenchement des hostilités post-septembernineeleven. Son départ, le passage de la frontière, d’un col puis la longue attente dans une ville coupée du reste de l’Afghanistan par une offensive rebelle. La corruption, le danger, le froid, et malgré tout le métier de journaliste à continuer. Puis le retour, après la mort d’un collègue assassiné.
Côté face, préfacé par Jean-Pierre PERRIN, Rall livre une diatribe en règle contre le système américain : la politique internationale axée sur la violence, l’isolement post 11 septembre des américains, les mensonges des médias, la situation particulière de l’Afghanistan.

Par TITO, le 1 janvier 2001

2 avis sur Passage Afghan

Autant vous le dire tout de suite : je m’y suis repris à plusieurs fois et j’ai longuement hésité avant de publier cette chronique. Parce qu’il n’est pas facile de dire du mal de ce genre de livre. L’auteur défend plutôt des opinions auxquelles je souscris, c’est une forme de BD d’auteur, genre à soutenir et encourager à tout prix, il traite d’une actualité brûlante dans le contexte de la réélection de Georges Dabeuliou Busch à la maison blanche, et dire du mal de ce genre d’ovni, qui semble pourtant formaté spécialement pour moi, pourrait paraître contre ma nature.
Ce livre ambitieux recèle pourtant de nombreuses lacunes. La première est d’être terriblement ennuyeux. Le résumé ci-contre est une description exhaustive de l’action dans le livre, à deux ou trois chevauchées en 4×4 près. Mais une oeuvre a tout à fait le droit d’être ennuyeuse, si toutefois elle soutient une cause ou un but artistique ambitieux.
Or je trouve ce livre complètement contre-productif du point de vue du combat contre la violence et les mensonges américains. Le principe est le suivant : le journaliste raconte qu’il est allé sur le terrain, qu’il y a pris de gros risques. Cela doit servir ensuite de caution à toute la diatribe anti-bush qu’il va vous servir. Mais être allé en Afghanistan, pour courageux et enrichissant que ce soit, ne fait pas d’une personne un analyste politique crédible ! Cette méthode est la même que celle utilisée par BHL ou PPD pour nous livrer leur pensée prête à servir : comme je suis allé sur place vous devez gober tout ce que je raconte ensuite, même pas la peine que j’argumente…
L’argumentaire livré, à la façon d’un M. MOORE, n’est pas du tout étayé et paraît d’une prétention extrême. La partie BD semble d’un narcissisme incroyable et dégage un mépris pour les Afghan, que pourtant l’auteur entend défendre, assez nauséabond (je pense que relire ça dans 20 ans nous fera le même effet que relire aujourd’hui Tintin au Congo), mais la partie textuelle n’est pas en reste : le chapitre « Bienvenue au Moyen Age » est d’une condescendance extrême, en plus de montrer une méconnaissance complète de la part de l’auteur sur ce qu’a été le moyen age.
Je retiens en revanche les strips humoristiques qui ponctuent la partie textuelle de l’ouvrage, ils sont savoureux, et en tant que caricature, ils ont le mérite de ne pas avoir à être étayés d’arguments solides…

Pour conclure, on ne peut pas enlever à Ted Rall le mérite extrême d’être allé sur place et d’avoir essayé de nous faire part de son impuissance, de sa haine d’un système politique mondial injuste et barbare. Sa diatribe ne peut que conforter certaines analyses lues par ailleurs et il est naturel d’aimer entendre quelqu’un conforter sa propre opinion, surtout si la personne en question dispose d’une caution morale inattaquable : celle « d’y être allé ». Mais la forme de l’argumentaire et de la narration sont à la fois maladroits et terriblement prétentieux, et cela dessert finalement plus sa cause que cela ne la défend.
En cela, l’achat de ce livre est un bon cadeau à faire à son esprit critique et fournit une matière inépuisable pour un débat on ne peut plus d’actualité : « doit-on utiliser les armes de ceux qui nous manipulent pour les dénoncer »…

Par TITO, le 14 novembre 2004

Ce livre est divisé en 2 parties : une partie « litteraire » et une partie « BD ».
Ted RALL est journaliste au « Village Voice », et il temoigne dans ce livre de ce qu’il a vécu en Afghanistan apres le 11/09/2001.
d’un point de vue documentaire, c’est assez interessant, le lecteur apprend des choses, pas vraiment ce que nous entendons aux journaux télévisés ou autres supports médias : l’afghan qu’il soit Taliban ou non sont pour la plupart des voleurs, truands, violeurs, bref, pas vraiment du genre sympa. Il y en a des « gentils tout de meme. N’allons pas mettre tous les afghans dans le meme panier.
Les journalistes payent de leur vie le « scoop » mais pas toujours sur le front , ils peuvent se faire assassiné aussi…voir ce journaliste suédois.
La femme afghane n’est toujours pas vraiment libre.
Ils ne respectent pas pour autant leur religion.
Le côté BD n’est pas vraiment passionant, le choix du dessin ne convient pas pour ce style de « reportage » graphique. C’est dommage, nous aurions pu avoir un chef d’oeuvre mais là, nous passons vraiment à côté ! A la lecture, nous ne nous attachons pas aux protagonistes.
Encore une fois, c’est vraiment dommage même si cela reste un bon document

Par BERTHOLD, le 29 novembre 2004

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